Le petit village alpin de Gstaad attendait paisiblement lundi l'arrivée du cinéaste Roman Polanski qui devrait y retrouver son chalet dès le versement de la caution exigée par la justice suisse pour sa sortie de prison.

Le chalet cossu habillé de bois clair «Milky Way» («Voie lactée»), à l'entrée de Gstaad, demeurait volets clos et sans activité apparente, alors qu'une épaisse couche de neige commençait à recouvrir la vallée.

Seuls mouvements enregistrés à proximité de la demeure du cinéaste, une multitude de journalistes, de cameramen et de véhicules équipés d'antennes satellites faisaient le siège du chalet.

Selon une source proche du dossier, «aucune activité n'est à attendre à court terme» autour du chalet, excluant donc un retour dans la journée de Roman Polanski.

Ce dernier n'était d'ailleurs toujours pas arrivé à Gstaad dans la soirée. Le consul général de France à Zurich, Jean-Luc Fauré-Tournaire, a rappelé qu'avant tout, «il faut que la caution soit versée» pour que M. Polanski puisse sortir de sa prison de Winterthour, à environ 25 kilomètres au nord-est de Zurich.

«Rien n'est remis en cause, tout se déroule normalement», a assuré le diplomate français, sans avancer de date pour la libération sous caution du cinéaste.

Dans le village de Gstaad, petite station de ski huppée arborant fièrement de jolis chalets en bois, les habitants n'étaient pas hostiles à l'attention médiatique portée à leur commune, où résident notamment le chanteur français Johnny Hallyday et Ernesto Bertarelli, patron du multicoque suisse Alinghi.

«Toute cette attention portée à Gstaad est plutôt positive, cela nous fait de la publicité», a estimé Gabriel Geadah, propriétaire d'un hôtel-restaurant.

«On le connaît, on le voyait passer et nous sommes contents qu'il sorte de prison», a-t-il souligné au sujet de M. Polanski, regrettant les conditions de l'arrestation du réalisateur franco-polonais le 26 septembre dernier à son arrivée à Zurich, où il devait recevoir une distinction au festival du film de la ville.

A la mairie de Gstaad-Saanen, l'ambiance était également décontractée.

«Les habitants ne sont pas du tout irrités par la présence des médias et l'attention portée à notre village», a commenté Armando Chissalé, directeur administratif de la commune.

«Nous sommes habitués à avoir des personnalités dans la commune et nous vivons paisiblement les uns à côté des autres, même si la situation est un peu particulière en ce moment», a-t-il indiqué.

Les travaux ont commencé le week-end dernier pour installer dans le chalet un système de surveillance électronique censé dissuader M. Polanski de prendre la fuite après sa libération sous caution, selon la presse helvétique.

Le cinéaste doit attendre sur place la décision de la justice suisse sur la demande d'extradition présentée par la justice américaine, qui le réclame pour des «relations sexuelles illégales» avec une mineure de 13 ans en 1977.

Securiton, une société du canton suisse du Jura spécialisée dans la surveillance électronique, «s'est mise au travail autour du chalet» samedi, a indiqué l'hebdomadaire dominical SonntagsZeitung. Roman Polanski sera muni d'un bracelet électronique qui donnerait l'alerte s'il s'éloignait trop de sa maison.

Pour peu qu'il ne quitte pas sa propriété de 1800 mètres carrés, le cinéaste pourra «recevoir dans sa maison toutes les personnes qu'il souhaite et les héberger comme il veut», a annoncé le porte-parole du ministère de la justice Folco Galli.