Le cinéaste franco-polonais Roman Polanski ne sortira pas de prison «avant vendredi», a annoncé mardi le ministère suisse de la Justice, la forte caution pour son placement en résidence surveillée dans son chalet de Gstaad n'ayant pas encore été versée.

M. Polanski «ne sortira pas avant vendredi de prison, la caution doit être versée dans les prochains jours», a précisé à l'AFP le porte-parole du ministère suisse de la justice Folco Galli, ajoutant qu'il doit ensuite être transféré dans son chalet de Gstaad (centre).

Devant sa résidence dans cette station de ski huppée, les nombreux journalistes et cameramen commençaient à lever le camp après plusieurs jours d'attente vaine dans la neige et le froid.

Alors que les jours précédents, caméras et camions de transmission satellites entouraient la résidence du cinéaste, seuls quelques rares photographes demeuraient mardi encore sur place. Le ministère de la justice a décidé de communiquer l'échéance de vendredi «afin d'éviter aux journalistes d'attendre sous la neige toute la semaine», a expliqué le porte-parole.

«De toute façon, je ne serai pas là vendredi», a commenté Anna Lussi, une voisine de M. Polanski, amusée par l'ambiance inhabituelle qui régnait dans ce quartier plutôt calme et à l'écart du village.

«On le voyait quelquefois passer en voiture, mais on ne se parle pas», a-t-elle raconté.

Une caution de 4,5 millions de francs suisses (3 millions d'euros) doit être versée pour que le réalisateur puisse sortir de la prison de Winterthour, à environ 25 km au nord-est de Zurich, avait rappelé lundi le consul général de France à Zurich Jean-Luc Fauré-Tournaire.

Cette somme est garantie par l'appartement parisien de l'Avenue Montaigne que possède M. Polanski, avait stipulé le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone dans son arrêt.

La justice suisse a autorisé la sortie de prison sous caution de Roman Polanski, qui sera assigné à résidence dans son chalet de Gstaad. La surveillance électronique est en train d'être préparée mais le bracelet chargé de contrôler les mouvements du cinéaste ne sera posé qu'une fois le cinéaste arrivé à son domicile suisse, a précisé M. Galli.

Le virement de la caution ne devrait pas représenter de problème, a précisé Thomas Fingerhuth, avocat spécialisé dans le droit pénal.

«Habituellement, le montant est remis en liquide ou, dans le cas d'une somme aussi élevée, viré sur un compte de la Confédération», a-t-il expliqué, ajoutant qu'une fois la caution reçue, le plaignant est libéré dans de très brefs délais.

L'extradition du réalisateur, âgé de 76 ans, est réclamée par la justice américaine pour des «relations sexuelles illégales» avec une mineure de 13 ans en 1977. Il avait à l'époque plaidé coupable pour ce chef d'accusation.

Securiton, une société du canton suisse du Jura spécialisée dans la surveillance électronique, «s'est mise au travail autour du chalet» samedi, selon la presse suisse. Roman Polanski sera muni d'un bracelet électronique qui donnera l'alerte s'il s'éloigne trop de sa maison.

Pour peu qu'il ne quitte pas sa propriété de 1 800 m2, le cinéaste pourra «recevoir dans sa maison toutes les personnes qu'il souhaite et les héberger comme il veut», avait précisé le ministère de la Justice.