Une vingtaine de films québécois sont présentés à Paris cette semaine, et l'événement se mérite une couverture médiatique sans précédent. Jadis produit exotique, le cinéma québécois est devenu en France synonyme de succès.

Pour sa 13e présentation, Cinéma du Québec à Paris s'installe au Forum des images, au coeur du gigantesque complexe des Halles, en plein centre de Paris. L'événement, qui propose un panorama des films de l'année aux cinéphiles et aux gens de l'industrie, semble toucher les dividendes de plusieurs années de travail systématique.

Cinéma du Québec a beau quitter le Publicis Étoile, une adresse plus prestigieuse, il peut compter sur une visibilité grandissante. Avec 5000 spectateurs (dont 2500 payants), il n'a rien à envier, par exemple, à la semaine du cinéma allemand. Et surtout, dans son genre, il bénéficie aujourd'hui d'une visibilité médiatique dont on n'aurait même pas rêvé il y a cinq ou six ans.

Les quelques succès québécois des dernières années - le dernier en date: J'ai tué ma mère, de Xavier Dolan, très remarqué à Cannes - y sont pour quelque chose. Sur un marché dominé à plus de 95 % par les productions américaines et françaises, le Québec fait partie des «petites» cinématographies qui comptent, comme celles de Roumanie ou d'Israël.

On a donc eu la surprise, en ouvrant le redoutable Libération, samedi, de trouver deux tiers de page consacrés aux «Belles prises du Québec». Une véritable première, et le patient travail relationnel effectué par le service de presse de la Délégation y était aussi pour quelque chose. Dans le dernier numéro du Nouvel Observateur, un encadré important pour annoncer le programme. Quant au Film français, la bible hebdomadaire du septième art, il y a consacré à la fois sa couverture et cinq pages intérieures. L'hebdo Télérama et la radio France Culture, deux autorités en matière culturelle, sont associés à Cinéma du Québec.

On ne sait pas à quel moment précis, mais le vent a totalement tourné: le cinéma québécois, qui constituait au mieux une curiosité exotique, est devenu un «produit» digne d'intérêt, désormais synonyme de succès.

Comme titre Le Film français, cette semaine est à la fois «un showcase et un marché». Un peu de public, mais surtout des projections et des rencontres destinées aux professionnels: «Côté public, le Forum des images est voisin de Ciné-Cité, le plus gros complexe de cinéma d'Europe avec 22 salles... Mais, côté professionnel, nous disposons d'un équipement plus polyvalent. Nous avons trois salles de projection, dont une de 450 places. Mais aussi des espaces de réunion, et des cabines de visionnement individuelles pour des films qui ne sont pas projetés en salle.» La productrice Denise Robert profitera des deux projections de De père en flic pour faire réaliser un sondage auprès des spectateurs à l'intention des acheteurs potentiels.

Rencontre professionnelle

Cinéma du Québec est donc devenu un véritable rendez-vous professionnel, où la Sodec invite, de façon parcimonieuse, les réalisateurs de la douzaine de longs métrages programmés ainsi que 15 acheteurs «sérieux» de Grande-Bretagne, d'Allemagne, d'Italie et d'Espagne. Plus le patron du festival de Munich, deuxième rendez-vous cinématographique d'Allemagne. S'y ajoutent quelque 70 producteurs venus à leurs frais: québécois, mais aussi français, belges et suisses.

L'occasion, pour certains, de lancer ou achever des accords de coproduction (il y en a eu 25 entre la France et le Québec depuis 2004). Ou tout simplement de conclure une vente majeure, c'est-à-dire dans des salles de cinéma (françaises). Un objectif devenu chaque année plus difficile pour les productions des «petits» pays.

Cinéma du Québec à Paris, du 7 au 13 décembre.