Du film d'époque (Easy Virtue) à la comédie romantique (Bridget Jones's Diary) en passant par la comédie musicale (Mamma Mia!) et le drame (The English Patient), Colin Firth varie les styles et les genres. Dans A Single Man, il donne dans l'inclassable. Il est en nomination, pour cela, aux Golden Golbes. Et il a remporté la coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise, où le film était aussi en nomination pour le Lion d'or.

Colin Firth a croisé le designer de mode Tom Ford une première fois, à Londres, lors d'un party chez Madonna. Ils se sont ensuite rencontrés à la première londonienne du film musical Mamma Mia! Cette fois, Tom Hanks et sa femme, qui étaient de la fête, les ont présentés l'un à l'autre.

«J'ai senti qu'il me regardait très attentivement, raconte Colin Firth, joint au téléphone à Londres. J'ai compris plus tard pourquoi.»

Plus tard, c'est quand il a reçu un courriel signé Tom Ford. Celui-ci, «avec éloquence et conviction», lui a fait une présentation convaincante, lui présentant de façon irrésistible son projet de long métrage, A Single Man. Il en avait coécrit le scénario, librement inspiré du livre de Christopher Isherwood. Et lors de cette rencontre sur tapis rouge, il avait senti, vu quelque chose en Colin Firth qui lui faisait croire que l'acteur pouvait incarner L'homme au singulier de son premier film.

Cet homme s'appelle George Falconer. Nous sommes en 1962. Les États-Unis sont en pleine crise des missiles de Cuba. George, lui, en traverse une plus intime. Il a 52 ans, il est britannique, mais vit à Los Angeles où il enseigne à l'université. Et il ne parvient pas à faire le deuil de son compagnon de vie (Matthew Goode), mort dans un accident de la route.

Au point où ce jour-là, celui que Tom Ford nous convie à suivre, sera le dernier: George en a décidé ainsi, il va se tuer aujourd'hui. «C'est la grande différence entre le livre et le scénario, note Colin Firth. Il n'est pas question de suicide dans le roman.»

Et cet ajout de Tom Ford donne une toute autre dimension, un autre point de vue aux faits et gestes de George au cours de cette journée qui sera possiblement, et parce qu'il en a décidé ainsi, sa dernière.

Toutes ses rencontres, entre autres avec sa vieille amie Charley (Julianne Moore) et le jeune Kenny (Nicholas Hoult); tous les sentiments et émotions qu'il éprouvera - du désespoir à la frivolité en passant par le désir et la colère; tous les lieux qu'il traversera, «tout sera teinté par cette idée de dernière fois», croit l'acteur britannique, qui aura 50 ans en septembre et qui s'est entièrement mis au service de cette idée dans une oeuvre réalisée par un nouveau venu derrière la caméra.

Mais attention, précise-t-il: «Tom n'est pas un novice. C'est peut-être son premier long métrage mais il a de l'expérience dans de nombreux domaines, une imagination incroyable et il est extrêmement articulé.»

Bref, s'il a perçu A Single Man comme un défi, s'il a senti le risque dans le projet, ce n'est pas à cause de la personne derrière la caméra. «C'est que ce scénario ne ressemble à aucun autre scénario et que ce film est différent de tous les autres films que je connais. Le risque, pour moi, était d'être de toutes les scènes, de faire naviguer George dans cette dernière journée, dans les rencontres comme dans l'isolement, dans les fous rires comme dans les silences.»

Et il y en a beaucoup, des silences, dans ce film: «Ça a été un défi excitant et stimulant d'avoir à exprimer la vulnérabilité et autres sentiments sans pouvoir me rabattre sur les mots.»

Pendant les 21 jours d'un tournage «agréable, mais pas facile, parce que très intense et ancré dans l'émotion», Colin Firth s'est mis dans la peau de ce George qui croit avoir tout perdu en perdant Jim. Jim qui, d'ailleurs, aurait pu être une femme, précise l'acteur.

«A Single Man n'est pas un film militant, ce n'est pas un film sur la discrimination et l'homophobie. Des gens pensent qu'il aurait pu l'être davantage. Pour Tom et moi, le personnage central se trouve à être gai, mais ce n'est pas le propos du film: George n'est pas en lutte contre son orientation sexuelle. Il se bat contre beaucoup de choses, mais son orientation sexuelle n'est pas l'une d'entre elles.»

Tel que scénarisé par Tom Ford, le récit pose un autre genre de questions aux spectateurs, croit Colin Firth: si vous connaissiez la date de votre mort, comment choisiriez-vous de vivre ce dernier jour? Avec qui? En faisant quoi? Pour lui, A Single Man est simplement l'histoire d'un homme qui se lève au désespoir et qui finit par passer une merveilleuse journée. Cela, raconté dans un film beau dans ce qu'il raconte et dans la manière dont il le raconte. Avec élégance et grâce. Celles de Colin Firth, canalisées par Tom Ford.

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A Single Man (Un homme au singulier) prend l'affiche le 25 décembre.