Crise de financement de l'industrie cinématographique ou pas, le Québec se classe en tête du palmarès des provinces et territoires ayant reçu les plus importantes sommes d'argent de Téléfilm Canada au cours des 10 dernières années, bénéficiant du coup de près de la moitié de l'enveloppe totale remise par l'organisme dans l'ensemble du pays, a appris La Presse.

Selon des documents obtenus grâce à la loi d'accès à l'information, le Québec a obtenu, entre 1999 et 2009, 319 718 913$ pour financer sa production de longs métrages en français et en anglais. Au cours de cette même période, Téléfilm Canada a remis 665 350 668$ à l'ensemble des provinces et territoire. La part de la Belle Province correspond à environ 48% du total. À eux seuls, les films francophones ont reçu 239 236 830$, soit le tiers de l'aide accordée.

Le Québec est la province qui a reçu la plus grosse part du gâteau, suivi de l'Ontario (183 454 575$), puis de la Colombie-Britannique (83 785 517$). L'Île-du-Prince-Édouard arrive en queue de peloton avec 19 000$.

Dans ce contexte, la Belle Province aurait-elle bénéficié d'un traitement de faveur? Pas vraiment. D'abord, le Québec réalise un plus grand nombre de productions, explique Eva Hartling, porte-parole de Téléfilm Canada. «Contrairement aux autres provinces, le Québec bénéficie d'un autre soutien important de la part de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), ce qui ouvre la porte à un plus grand nombre de productions», ajoute-t-elle.

Industrie bilingue

Autre raison invoquée: «Le Québec est le seul endroit où il y a une industrie cinématographique viable dans les deux langues», souligne Mme Hartling. Mis à part l'Ontario et le Nouveau-Brunswick, les autres provinces reçoivent très peu de subventions, voire aucune, pour la production de longs métrages tournés dans la langue de Molière.

Puis, au fil des ans, les performances au box-office de films à succès québécois tels que C.R.A.Z.Y., ou encore Bon cop, bad cop, ont permis aux producteurs d'obtenir des enveloppes à la performance.

S'il se réjouit de savoir que le Québec obtient les sommes les plus importantes, le producteur Roger Frappier (Dédé à travers les brumes) n'est pas satisfait. Il estime que Téléfilm Canada devrait davantage délier les cordons de la bourse pour soutenir le financement des films québécois en français, car plusieurs d'entre eux connaissent un succès important. «C'est insuffisant par rapport à la performance de ces films-là au box-office, affirme-t-il. C'est dommage.»

Pour sa part, Claire Samson, présidente de l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ), n'est pas étonnée d'apprendre que le Québec a reçu davantage que les autres. «Ça ne me surprend pas, dit-elle. L'industrie est tellement dynamique.»