En prêtant ses traits à Charles Darwin, Paul Bettany a dû relever l'un des plus grands défis de sa carrière. Creation est un film biographique abordant la vie du père de la théorie de l'évolution sous un angle plus personnel.

Ce n'était pourtant pas la première fois. Paul Bettany avait déjà été pressenti pour incarner Charles Darwin à l'écran, mais l'acteur avait d'abord décliné l'invitation, estimant le scénario trop peu inspirant. Creation, un projet complètement différent, avait selon lui tous les atouts qu'un acteur puisse espérer. Aussi a-t-il donné son accord très vite. Du coup, il a dû changer son aspect physique afin d'être crédible dans la peau du célèbre scientifique.

«Dès que j'ai commencé la lecture du scénario qu'a écrit John Collee, que je connaissais déjà grâce à Master and Commander, j'ai été enthousiasmé, a déclaré l'acteur au cours d'une rencontre de presse tenue lors du Festival de Toronto, où Creation fut choisi pour ouvrir la manifestation. Le récit nous amène bien au-delà de l'image du vieux monsieur un peu sec qui meuble notre imaginaire collectif. Là, on le voit plus jeune, très préoccupé par sa famille. Il est de surcroît déchiré entre ses propres valeurs morales et les découvertes révolutionnaires qu'il est en train de faire. Cela me plaisait beaucoup.»

L'année 2009 marquait en outre le 200e anniversaire de naissance de Charles Darwin, de même que le 150e anniversaire de la publication de son plus célèbre ouvrage: De l'origine des espèces.

Une équipe solide s'est mise en place sous la houlette du producteur anglais Jeremy Thomas, lequel compte, parmi ses faits d'armes, Merry Christmas Mr. Lawrence (Nagisa Oshima) et The Last Emperor (Bernardo Bertolucci). Jon Amiel, dont la filmographie est plutôt éclectique (de Queen of Hearts à The Core en passant par Entrapment), signe de son côté la réalisation d'un film qu'il a voulu «non linéaire».

«Personnellement, je ne suis pas très attiré par la forme biographique, disait-il au cours de cette rencontre. Voilà pourquoi il m'importait de sortir des paramètres habituels. J'ai préféré me laisser guider par les émotions de cet homme plutôt que par une description chronologique des événements. D'où ces ruptures de ton et ces allers-retours dans différentes époques.»

Une découverte toute récente


Ce choix convient tout à fait à Randal Keynes, descendant direct du clan Darwin (il est l'arrière-arrière-petit-fils), auteur de Annie's Box, le livre qui a servi de point de départ au film.

Il y a neuf ans, Keynes a trouvé une boîte appartenant à Anne Darwin, la deuxième des 10 enfants qu'a eus Charles Darwin, morte à l'âge de 10 ans. À l'intérieur de cette boîte, une note écrite par le naturaliste lui-même, dans laquelle étaient inscrits les détails du traitement médical administré à sa fille. Cette note fut conservée à jamais dans cette boîte. La mort prématurée de la fillette aurait eu une influence certaine sur le travail du scientifique. Ce lien entre le père et sa fille a incité Keynes à creuser davantage l'histoire familiale de Charles Darwin. Annie's Box contient le fruit de ses recherches.

«À mon sens, l'aspect le plus intéressant du personnage réside dans le tumulte intérieur qui habitait Darwin, fait remarquer Paul Bettany. Lequel n'avait pratiquement jamais été évoqué jusqu'à présent. D'abord, Il y a la douleur d'un père qui perd sa fille. Ensuite, il y a le déchirement intérieur d'un homme plutôt conservateur sur le plan des valeurs, confronté à des découvertes remettant en cause les préceptes de sa religion. Pour ajouter à la difficulté, ses théories ne trouvent pas d'écho auprès de son épouse, très sensible à la doctrine religieuse.»

Emma, l'épouse, est d'ailleurs incarnée par Jennifer Connelly, compagne de Paul Bettany à la ville. Le couple se cherchait un projet commun depuis longtemps.

«Même si ce qu'ils ont à jouer n'a rien à voir avec leur propre vie conjugale, Jennifer et Paul apportent avec eux une partie de leur intimité, observe Jon Amiel. De cette façon, il y a déjà un bon bout de chemin de fait. Leur relation est d'emblée crédible à l'écran.»

«Je ne vous cacherai pas ma nervosité à l'idée de jouer avec celle avec qui je partage ma vie, déclare de son côté Paul Bettany. Au début en tout cas. Nous avons toutefois trouvé nos repères très vite. La difficulté était de ne pas éclater de rire au beau milieu d'une scène dramatique. En plus, j'ai dû engraisser d'une vingtaine de kilos pour le rôle!»

Paul Bettany fait, par ailleurs, partie de la distribution de The Young Victoria (Jean-Marc Vallée) et de Legion (Scott Stewart), deux films présentement à l'affiche. Jennifer Connelly a récemment tourné Who's Afraid of Virginia sous la direction de Dustin Lance Black, le scénariste de la série Big Love et du long métrage Milk.

Creation prend l'affiche le 22 janvier en version originale anglaise.