C'est dans un bowling de Verdun que l'on retrouve Denis Côté pour le tournage de Curling. Entouré d'Emmanuel Bilodeau et de Roc LaFortune, Denis Côté se penche, pour son cinquième long métrage, sur un territoire encore inconnu pour lui: le portrait d'un père et de sa fille.

Depuis son arrivée au cinéma avec Les états nordiques en 2005, Denis Côté fait entendre une voix personnelle et distincte dans le cinéma québécois. Curling devrait toutefois épouser une forme différente que celle du spontané Nos vies privées et de l'esthétisme d'Elle veut le chaos.

«Je suis peut-être en réaction à mes précédents films, mais pour celui-là, le but c'est de ne rien remarquer, explique Côté. Josée (Deshaies, la directrice photo ndlr) ne veut pas faire un spectacle, elle veut s'effacer et que l'image soit straight.»

Dans Curling, Denis Côté s'intéresse au quotidien de Jean-François (Emmanuel Bilodeau), un modeste employé de motel et de bowling. Le curling fait l'objet d'une seule scène et possède donc un sens métaphorique. Côté s'en amuse.

«C'est ma gimmick, dit-il. J'avoue que c'est drôle, l'histoire d'un mec qui travaille dans un motel et un bowling. Il y a une seule scène dans un club de curling: il se fait longtemps demander pour aller jouer au curling. Un jour, il dit oui et c'est le seul moment dans le film où il y a une étincelle dans sa vie», explique le réalisateur.

Jean-François vit avec sa fille, Julyvonne, jouée dans le film par la fille d'Emmanuel Bilodeau, Philomène. «Je ne savais pas vraiment comment ça allait se passer, mais pour l'instant, elle a tourné trois jours et elle a adoré ça. Elle s'adapte vite, elle comprend bien et capte bien», raconte, non sans fierté, le comédien.

Jean-François est un homme «dépassé par la vie et par les émotions», selon son interprète. «Il n'a pas trop de relations; il aime sa fille, mais la sort peu, il n'est pas capable de parler de ses sentiments et il a peur de tout», résume-t-il.

La fierté au coeur

Pour autant, le personnage principal de Curling ne devrait pas être perçu comme un perdant, précise Denis Côté. «On s'entend qu'on en a, des films québécois avec un loser, raille-t-il. Ce personnage se bat pour sa fierté, il commet une erreur et essaie de la réparer.»

Comme lors de ses précédents longs métrages, Denis Côté aime mélanger les genres et les familles de comédiens. Assez rapidement, Emmanuel Bilodeau s'est imposé comme l'interprète de Jean-François. Il s'agit d'un premier rôle au cinéma depuis longtemps pour lui. De son côté, Roc LaFortune joue le personnage du propriétaire du bowling.

«Avec Roc, j'ai eu le même feeling qu'avec Réjean Lefrançois ou Normand Lévesque (de Elle veut le chaos). Ce sont des comédiens que l'on appelle toujours pour la même chose. Moi, j'ai eu envie de proposer autre chose, j'ai envie de casser les moules du cinéma», revendique Denis Côté.

Produit par Stéphanie Morissette et par son réalisateur, Curling bénéficie d'un budget d'environ 1,1 million de dollars. Au Canada, il sera distribué par Métropole films. Denis Côté, dont les films voyagent beaucoup en festivals, espère que Curling prendra le même chemin que ses précédents films.