C’est à presque minuit hier soir que Podz a présenté, pour la première fois en public, son premier long-métrage, Les 7 jours du Talion. Sélectionné à Sundance dans la section Park City at Midnight, le film inspiré du roman de Patrick Senecal n’a pas laissé son public indifférent.
 
À Park City, les nombreuses soirées qui égayent Main Street ne dissuadent pas les cinéphiles d’aller dans l’une des salles de cinéma installées à travers la ville. Peu avant minuit, vendredi soir, le Prospector Theater affichait presque complet en cette première soirée de la cuvée 2010 de Park City at Midnight.

Pourquoi aller voir Les 7 jours du Talion 7 Days, dans son titre anglais, un premier film, sans vedette et qui de surcroît, est sous-titré ? «Je suis curieux : c’est mon premier film à Sundance cette année, j’espère que je ne vais pas être déçu», répond mon voisin, un avocat de Los Angeles, spécialisé en cinéma.

Le public de Park City at Midnight fait manifestement confiance au flair de ses programmateurs, qui ont, au cours des années, révélé au grand public des classiques du genre tels que Black Dynamite, The Blair Witch Project ou encore Saw. Cette année, aux côtés des Sept jours du Talion, se retrouvent des films attendus tels que Buried (avec Ryan Reynolds) ou encore l’hivernal thriller Frozen.

«Daniel Grou est un réalisateur que nous sommes vraiment excités d’avoir trouvé, mentionnait hier Caroline Libresco, la programmatrice de Park City at Midnight. Dès que j’ai vu le film, au mois d’août à Montréal, j’ai tout de suite appelé mes collègues pour leur dire ce que j’avais trouvé : ce réalisateur comprend à la fois l’art de faire un film comme la psychologie humaine.»

Les 7 jours du Talion
montre la vengeance qu’un homme (Claude Legault) exerce sur l’assassin de sa fille (Martin Dubreuil) : le manichéisme des personnages laisse place, au cours des sept jours de torture mijotés, à une confusion, par la violence, des rôles.

À l’écran, le réalisateur de Minuit le soir a choisi de ne pas épargner au spectateur les sévices d’abord écrits par Patrick Sénécal. Le film, accompagné d’aucune trame musicale et d’une trame sonore minimaliste, installe rapidement une tension qui ne se relâchera presque pas au cours du film.

Captif, le public du Prospector Theater a semblé retenir son souffle lors du premier coup asséné par Bruno (Claude Legault) sur Lemaire (Martin Dubreuil). Un coup de massue qui a soulevé des exclamations dans le public. Plus tard, ce sont les sévices chirurgicaux pratiqués par Bruno qui ont suscité des «Oh my God» dans la salle.

Et pourtant, soulignait un jeune spectateur à l’issue de la projection, la violence des 7 jours du Talion n’a rien de comparable à celle d’un film comme Saw. «Je n’aime pas la violence au cinéma, mais j’aime la façon dont vous l’utilisez dans le film», disait une jeune spectatrice à Podz, à la fin de la projection.

«En tant que mère, j’ai toujours pensé que je tuerais celui qui s’en prend à mes enfants, expliquait une spectatrice lors de la courte période de questions. Mais votre film m’y fait vraiment penser à deux fois.»

Si certains spectateurs ont versé quelques larmes au cours du film, c’est que Les 7 jours du Talion a atteint son but, croient ses artisans. «C’est la réaction qu’il fallait avoir : si mon oncle et ma tante pouvaient regarder le film sans problème, ça voudrait dire qu’on a manqué notre coup» se félicite Patrick Sénécal.