Après avoir secoué la conscience environnementale mondiale avec An Inconvenient Truth (Une vérité qui dérange), en tandem avec l'ancien vice-président américain Al Gore, Davis Guggenheim se penche sur la crise de l'école publique américaine, dans un documentaire présenté à Sundance.
  
Waiting for Superman (En attendant Superman) est en compétition officielle au festival de cinéma indépendant, qui se tient jusqu'à dimanche à Park City, dans les montagnes de l'Utah.
  
Dans la même veine que pour An Inconvenient Truth, qui a remporté deux Oscars, Davis Guggenheim tente de démontrer, graphiques et animations à l'appui, que si la situation est grave, elle n'est pas encore désespérée.
  
Selon ses chiffres, un élève de l'école publique coûte aujourd'hui 9000 dollars par an, soit le double de ce qu'il coûtait en 1971, alors que sur la même période, les résultats scolaires ont stagné.
  
En 2020, on estime que les États-Unis auront besoin de pourvoir 123 millions de postes hautement qualifiés et rémunérés, mais que seuls 50 millions d'Américains auront les compétences pour les occuper.
  
«Les responsables politiques, les réformateurs et la presse ont beau connaître les vrais problèmes, ils ne vont pas en parler, car ils sont politiquement mortels», écrit Davis Guggenheim dans le texte qui accompagne le film. «Mais la seule façon de se confronter à cette crise, c'est de formuler à haute voix les vérités qui dérangent», ajoute-t-il.
  
Pour lui et la majorité des intervenants du documentaire, le problème essentiel est la gestion des professeurs - et notamment des professeurs incompétents - bridée par la puissance des syndicats d'enseignants.
  
«La question est: avons-nous le courage nécessaire, en tant que ville et en tant que pays, de prendre les décisions difficiles qui s'imposent?», se demande dans le documentaire Michelle Rhee, responsable des écoles de Washington, qui affichent des résultats parmi les pires du pays.
  
Le film la montre ferraillant avec les syndicats pour tenter de contourner une loi qui protège les professeurs de tout licenciement, après dix ans de service. Une tentative qui se soldera par un échec.
  
Pourtant, des solutions existent, assure Davis Guggenheim. Plusieurs écoles, situées dans des quartiers défavorisés du pays, sont parvenues à enrayer la spirale de l'échec, en repensant de fond en comble les méthodes d'enseignement.
  
Mais elles sont si peu nombreuses et les places sont si disputées que leurs responsables en sont réduits à sélectionner les élèves par tirage au sort.
  
Selon lui, il faudrait maintenant une vraie volonté politique pour étendre ces modèles à tout le pays. «C'est la grande idée de ce qu'est l'Amérique qui est en jeu», écrit-il.
  
La mère de Bianca, un des cinq enfants choisis par Davis Guggenheim à travers les États-Unis pour illustrer son documentaire, n'attendra pas une hypothétique réforme. Après avoir perdu à la loterie, elle sait qu'elle ne peut plus compter que sur elle-même si elle veut que sa fille s'en sorte.
  
«Peu m'importe ce que je dois faire. Peu m'importe combien de boulots je devrai prendre. Bianca ira à l'université, un point c'est tout. On va à l'université, on apprend, on se fait son éducation et on n'obtient pas seulement un travail, mais une carrière. C'est ça la différence», déclare-t-elle.