Peut-on envisager l'expérience Sundance sans l'expérience Park City, ses pistes enneigées, ses discussions impromptues entre réalisateurs, journalistes et festivaliers et ses soirées tape-à-l'oeil? Peut-être: le partenariat annoncé la semaine dernière entre YouTube et Sundance pourrait bien être un premier pas vers la virtualisation du festival.

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À Park City, l'internet a été au coeur des discussions entourant deux festivals de cinéma: le mastodonte Sundance et l'underground Slamdance. Le festival créé par Robert Redford comme son rival ont en effet tous deux annoncé des partenariats qui pourraient bien changer la perception que l'on a de l'expérience de festival.

Depuis le début du festival, n'importe qui peut accéder, sur YouTube, à une douzaine de courts métrages tandis que plusieurs longs métrages des crus 2009 et 2010 sont offerts en location jusqu'à la fin du festival. «Nous voulons montrer au monde ce que nous faisons», a expliqué le directeur de Sundance, John Cooper, lors de la conférence de presse lançant le festival.

Le partenariat a donc pour avantage de faire connaître des films indépendants, qui ne bénéficient pas de distribution aux États-Unis tout en générant des revenus pour les créateurs. «Les artisans de ces films vont récupérer la moitié des revenus générés», a poursuivi John Cooper.

Slamdance

Le partage des revenus est aussi la pierre angulaire de l'entente entre Slamdance et Microsoft. Le festival rendra ses films accessibles sur demande toute l'année, sur deux plateformes de Microsoft, Xbox et Zune - parmi eux Wild Hunt, du Québécois Alexandre Franchi. «Nous croyons que ces films peuvent générer des revenus et devenir, peut-être, des succès», dit Peter Baxter, cofondateur de Slamdance, lors du Filmmaker Summit du festival.

Pour Peter Baxter, la diffusion des films sur le web est la poursuite de la logique de Slamdance. «En 1995, nous avons fondé ce festival pour des réalisateurs qui cherchaient un public: on a trouvé Slamdance pour les aider. Maintenant, on veut aller plus loin», dit-il.

L'extension de la location des films sur l'internet est une excellente nouvelle pour les films indépendants, croit Mark Duplass, acteur et réalisateur, avec son frère, des films Baghead et Cyrus, produit par Fox Searchlight et présenté en première à Sundance.

«Avec la Video On Demand ou iTunes, on peut voir et diffuser des films de façon très économique, dit-il. Les gens auront moins peur d'investir dans ce genre de films, parce que les coûts seront vraiment moins élevés.»

Ces partenariats, s'ils s'étendaient ou se pérennisaient, pourraient susciter tout un changement dans la philosophie des festivals. Fini l'effet de rareté ou d'exclusivité qui pousse les festivaliers à assister aux festivals. À Slamdance, on croit de plus en plus à la mise en réseau de réalisateurs comme raison d'être du festival.

«Il y a quelques années, on avait seulement besoin d'une plateforme de diffusion, maintenant, le festival en est à ses débuts, soutient Peter Baxter. Les réalisateurs doivent se prendre en main; ils ne doivent plus attendre qu'on veuille bien leur ouvrir des portes.»