À l'écran, il est identifié aux pauvres types et aux bizarres. Dans la vie, Jon Heder est d'une gentillesse que l'on croise rarement sous les étoiles de Hollywood. Et puis, il y a ces yeux bleus et cet humour bon enfant qui le rendent absolument craquant. De la dynamite, mais sans Napoleon. Rencontre souriante.

Jon Heder est devenu célèbre grâce à la tignasse frisée couleur carotte et aux bottes lunaires d'un zigoto hors-normes dans un film maintenant élevé au rang de culte (Napoleon Dynamite). On l'a ensuite vu joueur de baseball plus nul que nul (The Benchwarmers), en pauvre type qui cherche à accroître sa confiance en lui (School of Scoundrels), en patineur artistique d'une naïveté sans fond (Blades of Glory), en Tanguy sauce américaine (Mamma's Boy). Et on le verra dès la fin de la semaine en magicien bizarre dans When in Rome, de Mark Steven Johnson.

«Tous ces rôles ont une certaine parenté, mais ils se distinguent quand même du portrait habituel: Napoleon, par exemple, n'est pas le nerd typique. Il n'est pas intelligent et il est socialement très mésadapté. Quant à Jimmy dans Blades of Glory, il est innocent mais excelle dans l'art qu'il pratique», a souligné Jon Heder lors de l'entrevue qu'il a accordée à La Presse dans un hôtel de Santa Monica.

Il était alors en mode promotion pour la comédie romantique When in Rome, dans laquelle il incarne l'un des amoureux de la jolie Beth (Kristen Bell), une accro du travail qui, après avoir assisté au mariage de sa soeur à Rome, repêche quelques pièces dans la fontaine de l'Amour. Ceux qui ont lancé les pièces tombent alors, par magie, éperdument amoureux d'elle.

Il y a quatre hommes envoûtés dans le film. «Il y en avait beaucoup plus dans les premières versions du scénario», raconte Jon Heder. Il faisait partie des plans de Mark Steven Johnson depuis l'amorce du projet mais, dans la palette élargie de prétendants, il a toujours eu un faible pour Lance, le magicien de rue. «J'ai toujours trouvé qu'il y avait quelque chose de troublant chez les magiciens qui travaillent dans les lieux publics et non du haut d'une scène.»

Pour ce rôle, il a appris des tours de magie. Simples - «je ne sais pas encore voler et, quand j'arrache mon coeur, croyez-le ou non, c'est un effet spécial», rigole-t-il - mais avec lesquels il obtient un grand succès auprès de sa fille de 3 ans - son fils de 6 mois est encore trop jeune pour en «profiter».

Reste que le vrai tour, sans trucage, que joue Jon Heder, il le joue bien involontairement... et c'est à Dan Heder. Son frère. Son jumeau identique. «Il se fait régulièrement aborder par des fans de Napoleon Dynamite. Il a beau dire que ce n'est pas lui, que voulez-vous? Si vous voyez Tom Cruise et qu'il vous dit qu'il est le jumeau de Tom Cruise, vous allez penser que Tom Cruise dit ça parce qu'il ne veut pas vous donner un autographe. Maintenant, Dan s'est fait une raison: il signe... mais de son nom», s'amuse cet éternel ado de 33 ans qui reconnaît que le film de son copain Jared Hess - ils se sont rencontrés à l'Université Brigham Young, en Utah - n'a pas lancé sa carrière mais l'a créée.

À cette époque, Jon Heder prenait des cours de cinéma et d'animation par ordinateur. Il rêvait de réaliser, de produire. Pas de jouer. Enfin, peut-être un peu quand même puisqu'il suivait aussi un cours d'interprétation. Un seul. Pour s'amuser. «Et puis, Jared m'a parlé de Napoleon Dynamite. Il m'a dit qu'il me voyait pour ce rôle.» Hum... peut-on voir ça comme un compliment? Il rit: «Oui. J'ai immédiatement aimé le personnage et je comprenais exactement ce que Jared voulait faire. Ç'a été une expérience extraordinaire. On connaît tous un Napoleon et il y a un peu de Napoleon en chacun de nous.»

Le sien est pas mal présent: «Je suis plus proche du nerd que de l'homme torturé et sombre, mais j'aimerais bien, un jour, chausser d'autres souliers et avoir un rôle dramatique», conclut celui qui, par conviction religieuse - il est mormon - a déjà refusé des rôles: «J'ai une ligne de conduite et je m'y tiens. On m'a proposé des personnages que je me serais senti mal de jouer. Dans ces cas-là, j'ai préféré décliner l'offre - et souhaité qu'ils trouvent quelqu'un de formidable pour le rôle.»

Bref, il ne se prend pas pour un porte-étendard, ne prêche pas. Il tient à ses principes, point. Ce qui le rend encore plus sympathique - et ce n'est pas peu dire.

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When in Rome (C'était à Rome) prend l'affiche le 29 janvier. Les frais de voyage ont été payés par Touchstone.