En présentant leurs nouveaux films québécois, les distributeurs ont entrepris au cours de la semaine une vaste opération séduction auprès des exploitants de salles afin de les convaincre de projeter sur les écrans un maximum de longs métrages made in Québec. Et la diversité des oeuvres à venir cette année porte à croire que 2010 sera aussi faste que 2009 pour le cinéma d'ici.

C'est du moins ce qu'estime Simon Beaudry, président de Cinéac, la firme qui compile les entrées de cinéma. L'an dernier, le cinéma québécois a connu un regain, en obtenant des parts de marché de 12,8%.

«Les titres porteurs permettent de croire que les données de 2010 vont être aussi bonnes que 2009», a-t-il affirmé cette semaine en marge de Ciné-Québec, un événement annuel réunissant les distributeurs, les exploitants de salle et plusieurs intervenants de l'industrie cinématographique. C'est à cette occasion que les distributeurs TVA Films, Alliance Vivafilm et Séville ont présenté aux propriétaires de salles leurs nouveautés pour l'année à venir.

En tout, plus d'une vingtaine de films québécois seront projetés sur grand écran. Les cinéphiles auront visiblement droit à une programmation diversifiée: des adaptations de romans (Le journal d'Aurélie Laflamme, Les sept jours du talion), des films à saveur biographique (Piché: entre ciel et terre, Gerry, L'enfant prodige) en passant par les road movies (Demande à ceux qui restent, À l'origine d'un cri) et les comédies (Cabotins, Filière 13). «On a une sélection intéressante, affirme Patrick Roy, président de Alliance Vivafilm. Ça promet.»

«La diversité est maintenue, ajoute Simon Beaudry. Avant on disait: hors de la comédie point de salut. Maintenant, ce n'est plus vrai.»

En 2009, «l'effet De Père en flic», réalisé par Émile Gaudreault, a permis au cinéma québécois de faire le plein de parts de marché. Cette année, plusieurs titres porteurs tels que Lance et compte, Le journal d'Aurélie Laflamme, Filière 13 ou encore Piché: entre ciel et terre, risquent de marquer des points au box-office.

«La performance ou l'insuccès de quatre ou cinq films va faire toute la différence, ajoute Simon Beaudry. Parfois, il y a aussi une surprise que personne n'a vue venir qui arrive du champ gauche. Ç'a été le cas avec J'ai tué ma mère ou encore Québec-Montréal.»

Chose certaine, les longs métrages québécois qui prendront l'affiche cette année devront une fois de plus rivaliser avec les grosses pointures américaines. L'an dernier, les films en provenance des États-Unis ont récolté environ 75% de parts de marché. Cette année, Les sept jours du talion, réalisé par Podz, sera le premier long métrage québécois à faire face aux géants américains. Il sort en salle le 5 février.

Nouvelle décennie

Par ailleurs, avec ce début de nouvelle décennie, de quelle façon évoluera le cinéma québécois au cours des prochaines années? «Avec toute la nouvelle génération de réalisateurs (Podz, Alain Desrochers), je pense qu'on va aborder des sujets plus exportables qui peuvent rejoindre un plus large public», souligne Christian Larouche, producteur pour les Films Christal.

Le comédien Rémy Girard - que l'on verra dans Cabotins et Les sept jours du talion - abonde dans son sens. Selon lui, les jeunes réalisateurs vont contribuer à modifier le visage du cinéma québécois en amenant de nouvelles façons de faire. «Je pense aussi qu'on aura davantage de films que je qualifie d'intenses.» Il cite en exemple Les sept jours du talion, qui raconte l'histoire d'un homme qui décide de se faire justice à la suite de l'assassinat de sa fille. «Avant, je ne sais pas si on se serait lancé dans le thriller.»

Pour sa part, Simon Beaudry voit les choses d'un autre oeil. Selon lui, les problèmes de financement qui persistent empêchent le cinéma québécois de faire un virage majeur. «Tant que les programmes de financement restent les mêmes, on ne verra pas de changements majeurs à court terme.»