«Je suis un romancier intérieur. Dans mes livres, les personnages sont souvent prisonniers de leur esprit. C'était notamment le cas de Mystic River. Seul un bon scénariste peut extérioriser et mettre en images les dialogues inté- rieurs. C'est ce qu'a fait Laeta Kalogridis», souligne l'auteur de Shutter Island.

 

>>> Lisez aussi:«Shutter Island: l'homme qui était une île» et «Shutter Island: un film et ses ancêtres»

Pour la scénariste, le plus grand défi était de conserver l'émotion qu'elle avait ressentie en lisant le roman. D'autre part, il lui fallait trouver une façon d'intégrer de manière cohérente les flash-back, les rêves et les hallucinations de Teddy. «Il fallait aussi trouver un moyen de conserver le sentiment d'horreur chez ce personnage qui se sent prisonnier d'une boîte de plus en plus petite, au fur et à mesure que progresse l'histoire», note Dennis Lehane.

Malgré les adaptations à l'écran de trois de ses romans (Mystic River, Gone Baby Gone et The Given Day), Dennis Lehane jure qu'il n'écrit pas en ayant une vision cinématographique de son récit.

«J'ai une relation intime avec mon lecteur quand j'écris. Une fois que le livre est complété, ma femme et moi nous amusons toutefois à imaginer quel acteur pourrait jouer quel personnage. Je n'avais par contre pas envisagé Leonardo pour jouer Teddy, parce qu'en 2003 (année où Shutter Island a été écrit), il était trop jeune pour le rôle.»

Mais l'asile psychiatrique de Shutter Island a-t-il déjà existé? «Il existe une prison de sécurité moyenne dans une île liée par un pont au port de Boston, qui s'appelle Long Island. Quand j'étais petit, raconte le romancier, mon oncle nous y a amenés (pendant le blizzard de 1978). Il nous a raconté que, jusqu'aux années 60, la prison avait été une institution psychiatrique et a ajouté que, parfois, on pouvait voir les fantômes des anciens patients dans la forêt. Vingt-cinq ans plus tard, alors que je marchais sur la plage, je me suis mis à m'imaginer comment serait cette institution sans l'existence du pont et si elle avait hébergé des prisonniers de guerre... C'est une idée folle, mais c'est ainsi que naissent les livres!»