Au moment où on discute d'euthanasie en commission parlementaire à Québec, le dernier film de Léa Pool La dernière fugue tombe à point nommé.

Ce film aborde cette question sensible en racontant une histoire de relations familiales qui prend une tournure dramatique lorsqu'un père qui décidait de tout, quasi-tyrannique, voit sa vie basculer quand il est frappé de plein fouet par la maladie de Parkinson.

Lui, qui en menait large au sein de sa famille, se rapprochera plus que jamais des siens alors que la mort approche. Sa femme et ses enfants soulèveront bien des questions.

«C'est un sujet actuel dans la société, le droit de mourir dignement, a affirmé la cinéaste Léa Pool en entrevue. On aborde toute la thématique de l'euthanasie mais le film est plus que ça.»

«Ce sont des êtres humains, a dit celle qui cumule plus de 30 ans de métier derrière la caméra. C'est une histoire d'amour incroyable entre un vieil homme et sa femme. C'est aussi une belle réconciliation entre le fils et cet homme-là, qui était violent plus jeune. Ce dernier a beaucoup de ressentiment. La réconciliation se fait aussi avec son petit-fils, âgé de 15 ans, d'une autre génération. Il voit son grand-père souffrir de la maladie et il veut l'aider à partir.»

Léa Pool a coscénarisé le film avec l'écrivain Gil Courtemanche dont le roman Une belle mort», publié il y a cinq ans, a été adapté pour le grand écran.

«C'est l'humanité du propos qui m'a attirée et la possibilité de travailler avec des acteurs de façon exceptionnelle», a soutenu la cinéaste d'origine suisse. La distribution compte des gens avec beaucoup d'expérience comme Jacques Godin (le père), Andrée Lachapelle (la mère) et Yves Jacques, qui lui interprète le fils ainé, André.

Léa Pool a misé sur une approche non-conventionnelle pour tourner son film. «C'est un mélange de dialogue écrit et d'improvisation, beaucoup d'improvisation, avec caméra à l'épaule, très à la documentaire, a-t-elle précisé. Il y a eu beaucoup de défis dans ce film et c'est ce qui m'a attirée.»

Ce film nous fait aussi reculer dans le temps, notamment quand le père avait 35 ans et le fils 12 ans, aux relations tendues. Mais comme c'est le cas dans toute bonne famille, la vie est aussi parsemée de bonheur.

«C'est aussi, reconnaît Léa Pool, un film sur la famille. Le rassemblement familial à Noël, on se réjouit de revoir frères et soeurs, il y a des moments drôles, mais il y aussi ce rapport amour/haine, toutes sortes de petites pointes.»

Dans le film, on voit notamment les Lévesque réunis pour le traditionnel réveillon. Et le père, maintenant affligé par une terrible maladie, n'est plus du tout le même. Dans ce nouveau contexte, la famille sera divisée mais la mère sera plus que jamais derrière son mari, tout comme son fils aîné et son petit-fils, Sam. Ces derniers apporteront ce bonheur qui avait toujours manqué au père.

Yves Jacques n'est pas surpris de voir son personnage opter pour la réconciliation.

«Plus jeune, André a été violenté par son père, a expliqué le comédien québécois. Mais son neveu (joué par Aliocha Schneider) va trouver une solution à cette souffrance. Cet homme-là est un être humain qui souffre et on va trouver la solution, on comprendra sa détresse.»

Yves Jacques a été touché par le thème du film. «C'est une belle histoire sur ce qui risque de nous arriver à tous, finalement. Je pense que ça peut interpeller beaucoup les gens et peut-être en amener plusieurs autour du débat sur l'euthanasie. De plus, le film est magnifiquement interprété par Jacques Godin et Andrée Lachapelle», a estimé l'artiste qui fait carrière des deux côtés de l'Atlantique.

Le film, une rare coproduction Québec-Luxembourg, a été choisi pour ouvrir les Rendez-vous du cinéma québécois et doit prendre l'affiche partout au Québec le vendredi 26 février, dans une vingtaine de salles obscures.

Marie-France Lambert, Isabelle Miquelon, Martine Francke et Benoit Gouin interprètent les autres sœurs et frère de la famille. Des comédiens du Luxembourg complètent la distribution.