Ce serait pour le «rush d'adrénaline» et la valorisation personnelle que ça lui procurait, bien plus que pour l'argent, que Geremi Adam copiait les films fraîchement sortis dans les cinémas pour les diffuser ensuite sur l'internet. Le pirate des cinémas pourrait maintenant se retrouver au cachot pour quatre mois.

C'est en tout cas ce que la procureure de la Couronne Josée Bélanger a proposé, hier, alors qu'on débattait de la peine à infliger à Adam. L'homme de 27 ans aurait copié quantité de films au cours des dernières années, mais il s'est fait prendre la main dans le sac deux fois, si bien qu'il a plaidé coupable à deux accusations de viol de droit d'auteur. Entre le 25 août 2006 et le 8 septembre 2006, il avait copié et mis en circulation sur l'internet les films Invincible et How to Eat Fried Worms. En 2006, la loi n'avait pas encore été modifiée, donc filmer un film dans un cinéma n'était pas considéré comme un crime. Cependant, la distribution était interdite. Alors que cette cause était en cours, Adam s'est fait pincer le 12 avril 2008 à copier avec une petite caméra le film Street King, au cinéma Paramount. La loi ayant été changée, ce type de crime est maintenant passible d'une amende de 25 000 $ ou d'une peine maximale de prison de six mois, ou des deux.

Selon les plaidoiries d'hier, Adam travaillait de concert avec six ou sept amis, groupe qui s'était donné le nom de Maiven. Fiers de leurs exploits, ils signaient Maiven les copies de films qu'ils envoyaient sur l'internet. D'ailleurs, Adam, technicien en informatique, se considérait comme le meilleur en son domaine. À l'aide de logiciels, il peaufinait les films qu'il copiait afin de leur rendre de la qualité.

Pour le pop-corn

Selon Me Richard Brouillard, qui représente l'accusé, ce dernier n'aurait reçu que de très petites sommes pour ses copies. De quoi payer «le pop-corn et les billets de cinéma», soutient l'avocat.

Mais cela a coûté des millions aux cinémas et aux studios. Les films qui avaient coûté des millions à produire se retrouvaient sur l'internet, accessibles partout dans le monde, parfois le lendemain de la première nord-américaine. Entre 2004 et 2006, une centaine de films ont été copiés à Montréal, dont 41 par Maiven. Les grands studios menaçaient de retirer leurs films, et Warner Brothers avait même suspendu la distribution de ses films pendant trois mois à cause du piratage. Il a fallu investir des millions pour enquêter et resserrer la sécurité.

Malgré tout, Me Brouillard estime que la prison serait une peine trop sévère pour son client, un jeune homme dépressif qui aurait eu une enfance malheureuse, et il propose plutôt de lui imposer des travaux communautaires. Adam est détenu depuis le mois de janvier pour une histoire de tentative de vol d'auto, et aussi parce qu'il avait omis de se présenter devant la Cour à un certain moment.

La juge Suzanne Coupal prononcera la peine le 16 mars prochain.