Racisme, antiaméricanisme, antisémitisme, apologie du tabac, recyclage de clichés... les controverses n'ont pas manqué pour les films en lice aux Oscars, dont l'écho médiatique peut être un formidable porte-voix pour les associations et groupes de pression.

Avatar et The Hurt Locker, favoris des Oscars, qui se tiendront dimanche à Hollywood, ont été la cible de nombreuses critiques, tout comme Precious, District 9, An Education ou A Serious Man.

Le message écologiste, anti-guerre et anti-impérialiste de Avatar, revendiqué par son réalisateur James Cameron, n'a pas été du goût de certains éditorialistes conservateurs, qui n'ont pas hésité, à l'instar de John Podhoretz du Weekly Standard, à qualifier le film d'«anti-américain».

Mais les critiques les plus vives sont venues des associations de lutte contre le tabac, qui ont crié au scandale devant une scène ou la scientifique interprétée par Sigourney Weaver réclame une cigarette à ses collaborateurs.

Stanton Glantz, professeur de médecine à l'Université de Californie de Los Angeles (UCLA) et militant anti-tabac, assure à l'AFP que «cela équivaut à une campagne publicitaire de 50 à 100 millions de dollars pour les cigarettiers».

James Cameron a répondu par une pirouette, expliquant que la cigarette contribuait à créer un personnage qu'il avait voulu plutôt désagréable: «Elle est grossière, elle jure, elle boit et elle fume».

The Hurt Locker, favori pour l'Oscar du meilleur film, s'est attiré les critiques d'associations de vétérans et de démineurs professionnels, qui reprochent au film ses clichés et ses scènes «irréalistes».

Des reproches classiques pour les films de guerre, déjà adressés en leur temps à The Deer Hunter, Apocalypse Now ou Born on the 4th of July.

Pour le film de science-fiction sud-africain District 9, les critiques sont venues du gouvernement du Nigeria lui-même, qui a protesté contre l'image des Nigérians dans le film, présentés comme les parrains de tous les trafics.

«Pourquoi veulent-ils dépeindre les Nigérians comme des criminels, des cannibales ou des prostituées qui couchent avec des extra-terrestres?» s'interrogeait la ministre Dora Akunyili. Le film a été interdit dans le pays, qui a demandé des excuses au distributeur Sony.

D'autres attaques sont parfois plus surprenantes, comme celles accusant de racisme le film Precious du réalisateur noir Lee Daniels, qui offrirait une image déplorable des Noirs à travers la vie calamiteuse de son héroïne obèse, illettrée, victime d'abus et maltraitée par ses parents.

Ou les reproches d'antisémitisme adressés à An Education et au film des frères Coen A Serious Man, pour lequel les cinéastes se sont inspirés de leurs souvenirs d'enfance pour dépeindre un quartier juif du Middle West américain.

Pour Fredell Pogodin, chargée de relations publiques à Hollywwod spécialisée dans le cinéma, critiquer un film nommé aux Oscars est un bon moyen de faire entendre sa voix.

«Quand vous avez des critiques à faire ou que vous voulez faire parler d'un sujet, (la saison des Oscars) est un bon moment pour le faire. Je ne dis pas que les reproches ne sont pas légitimes, mais vous savez que c'est un moment où les médias vous écouteront», déclare-t-elle à l'AFP.

M. Glantz reconnaît lui-même que «la scandaleuse présence de la cigarette dans Avatar porte le sujet sur le devant de la scène».

Mais pour Lee Daniels, si Precious a suscité la controverse c'est surtout parce qu'il montre la vérité. «C'est la première fois que je me rends compte que cela peut poser problème. Quand vous dites la vérité, cela fait parler les gens».