Si une poignée d'Oscars seraient bienvenus pour parfaire la légende d'Avatar, le film phénomène de James Cameron, qui accumule depuis sa sortie en décembre records et superlatifs, a déjà sa place dans l'histoire hollywoodienne.

Son exploit le plus objectif reste sans doute d'avoir pulvérisé le record du film le plus lucratif de tous les temps, jusqu'alors détenu par Titanic, en accumulant plus de 2,5 milliards de dollars dans le monde, dont près de 710 millions en Amérique du Nord.

Mais Avatar a également fixé un nouveau mètre-étalon pour les films en 3D, auxquels James Cameron a apporté une nouvelle génération de technologies, développées pour son film au long d'une longue gestation de plus de dix ans.

Le résultat de ce travail, visuellement époustouflant, a déjà valu au film une flopée de prix, parmi lesquels deux Golden Globes et deux BAFTA.

Dimanche, lors des Oscars 2010 à Hollywood, Avatar concourra dans neuf catégories, dont celles de meilleur film et meilleur réalisateur, mais aura fort à faire pour l'emporter face au grand favori, The Hurt Locker, signé par Kathryn Bigelow, l'ex-épouse de James Cameron.

Avatar met en scène Jake (Sam Worthington), ex-marine paraplégique envoyé sur la planète Pandora pour une mission d'inflitration de la population locale, les Na'vis, des créatures à la silhouette effilée et à la peau bleue.

Les hommes, qui ont colonisé Pandora pour y exploiter un précieux minerai, considèrent en effet les Na'vis comme un obstacle à leur installation et aux développements de leurs activités.

Pour pénétrer le monde des Na'vis, Sam se glisse dans la peau d'un avatar, un hybride mi-humain mi-Na'vi créé génétiquement et commandé à distance par les humains, grâce auquel il retrouve, émerveillé, l'usage de ses jambes.

Mais au contact des Na'vis, Sam va surtout découvrir un peuple respectueux de la nature, vivant en osmose avec son environnement, à mille lieues de la cupidité et de la brutalité des hommes colonisant Pandora.

Il trouvera aussi l'amour, sous les traits de la ravissant guerrière Neytiri (Zoë Saldana), qui lui sauve la vie et, ignorant que Sam n'est qu'un avatar, l'initie aux secrets des Na'vis.

Pour donner vie à ses Na'vis, James Cameron a entièrement «réinventé» le principe de la «performance capture», un procédé qui permet de traiter numériquement les mouvements réels des acteurs pour les transposer dans des personnages animés par ordinateur.

Les acteurs étaient ainsi équipés de combinaisons couvertes de capteurs, transcrivant le moindre de leurs mouvements, tandis qu'une petite caméra fixée sur leur tête enregistrait leurs expressions.

Après tout le travail d'animation, le résultat était comparé avec les vidéos des acteurs pour s'assurer que les Na'vis étaient aussi proches que possible de leur modèle humain.

Le niveau de détail exigé par James Cameron à ses équipes laisse pantois. Paul Frommer, linguiste à l'Université de Californie du Sud, a ainsi été embauché pour inventer la langue des Na'vis.

«James Cameron ne voulait pas seulement que je crée une langue de toutes pièces, il voulait même qu'on évoque des points de grammaire», se souvient le linguiste, qui a rédigé un manuel, «Parler Na'vi», à l'usage des acteurs.

De même, tous les animaux et les toutes les plantes inventées pour Pandora ont reçu un nom Na'vi, latin et commun, sous la direction d'universitaires.

L'ensemble de ces «recherches» a donné lieu à la rédaction d'une «Pandorapédie», compilant toutes les données sur la planète fantastique.