Derrière le monstre Avatar, en nomination dans neuf catégories aux Oscars, se cache aussi la maison québécoise d’effets spéciaux Hybride. Après Sin City, 300 et les courts métrages inspirés d’Assassin’s Creed, Hybride confirme sa place au sein des compagnies qui comptent à Hollywood.


Pierre Raymond se souvient encore de «l’appel 911» qui a été lancé à Hybride pour Avatar. La maison d’effets spéciaux Weta travaillait alors depuis plusieurs années au titanesque film, avant de se trouver débordée. Pour créer le link room, la salle où s’installent les scientifiques pour rejoindre leur avatar, la production a alors composé un numéro débutant par l’indicatif régional 450.


«Ils bossaient depuis quatre ans sur le film, il fallait s’intégrer rapidement tout en ayant peu de temps d’apprivoisement, explique Pierre Raymond, président et fondateur d’Hybride. Ce n’était pas une question d’argent: à ce niveau-là, on ne se demande pas qui peut faire pas cher, mais qui peut faire bien.»


Avec une filmographie qui compte tant des gros morceaux américains – The Orphan, Final Destination, Journey to the Center of the Earth ou encore Sin City –, Hybride s’est bâti une solide réputation dans la postproduction depuis 1995, soutiennent ses dirigeants. «Pourquoi nous avoir lancé un appel 911? Parce que notre réputation est faite», répond tout simplement Pierre Raymond.


Il aura donc fallu 11 mois à Hybride pour accoucher de 146 plans, soit 11 minutes d’Avatar. La maison québécoise était le quatrième concepteur d’effets spéciaux dans la machine Cameron. «Que ce soit un petit film ou un grand film, pour nous, ça ne fait pas de différence: ce qui compte, c’est le type de travail qu’on fait», affirme humblement Daniel Leduc, directeur des effets spéciaux.


Hybride a tout d’abord participé à une téléconférence avec le réalisateur James Cameron. «On savait que James Cameron était très pointilleux: il ne se contente pas de n’importe quoi, si cela ne fonctionne pas», estime Daniel Leduc.


Retour au cinéma
James Cameron a fait, avec Avatar, son retour au cinéma après le succès mondial de Titanic il y a 12 ans. Élaboré pendant plusieurs années, produit avec un budget tenu secret, mais que les rumeurs situent entre 200 et 500 millions, Avatar avait comme ambition de révolutionner le cinéma.


«On s’attendait à ce que ça fonctionne bien, mais à ce point-là, avec 2,5 milliards de recettes, non», dit Daniel Leduc. Avatar devrait, selon lui, inspirer de nouveaux films en 3D. «Cette fois-ci, la 3D ne retombe pas comme par le passé. Je pense qu’avec la haute définition, le cinéma se cherche une plus-value et cette immersion est complètement différente», dit-il.


Acquis par Ubisoft à l’été 2008, Hybride espère pouvoir poursuivre sa croissance et travaille actuellement à plusieurs projets encore tenus confidentiels. «Il y a beaucoup de discussions en ce moment», confirme Pierre Raymond. Ce que l’on sait, c’est que la firme québécoise travaille aussi pour des productions québécoises comme Le poil de la bête de Philippe Gagnon, dont la sortie est prévue cette année.


Si Avatar n’est pas le plus gros projet d’Hybride, il est assurément celui qui donne encore des lettres de noblesse à la société nichée «entre deux sapins» dans le confort d’une maison de Piedmont. «Pour bien des gens, le 450 est un indicatif régional en banlieue d’Hollywood», s’amuse Pierre Raymond. Une tendance qui devrait se maintenir.