Après la rumeur voulant que Guillaume Lemay-Thivierge soit pressenti pour jouer le rôle de Gerry Boulet dans le film d'Alain DesRochers, La Presse a eu la confirmation hier que c'est Mario Saint-Amand qui en sera la tête d'affiche.

Une belle année se dessine pour Mario Saint-Amand, qui s'est fait plutôt rare sur les écrans dans la décennie 2000. En plus de jouer dans le film Lucidité passagère qui prendra l'affiche bientôt, il décroche le rôle principal de Gerry d'Alain DesRochers, dont le tournage commence le 19 avril. Au téléphone, le comédien était cependant partagé entre la joie et la tristesse, puisqu'il devait hier se rendre aux funérailles du cinéaste Marcel Simard, avec qui il a fait ses débuts dans Love-Moi.

L'idée d'incarner Gerry Boulet au grand écran ne l'effraie pas. «C'est un cadeau et un privilège, dit celui qui a bien connu l'entourage du chanteur. C'est le plus beau riff de blues que je vais faire pendant 35 jours.»

En effet, Mario Saint-Amand est un grand amateur de blues, il a fréquenté les Breen LeBoeuf, John McGale et Bob Harrison dans les années 90, alors qu'il avait fondé son propre band et qu'il était un client régulier du Grand Café, des Beaux Esprits ou de l'increvable Bistro à Jojo. Alors, bien sûr, il est un fan d'Offenbach et de Gerry.

«Moi, dit le comédien, il m'a confirmé que ça se pouvait, faire du bon rock au Québec. C'est non seulement un grand performeur et un grand chanteur, mais c'est un grand homme aussi, qui a eu le courage un jour de faire carrière solo, et qui a transcendé les générations. Ce défi, je le prends avec beaucoup d'humilité, c'est l'inespéré et l'inattendu qui m'arrive!»

Mais c'était un grand désir aussi. Le producteur Christian Larouche raconte que Mario Saint-Amand l'a appelé régulièrement pendant 10 ans pour lui manifester son intérêt pour le rôle. Car au départ, il s'agissait de faire une télésérie, qui s'est finalement transformée en projet de film.

«Il a été tenace et sa ténacité a payé, dit-il. En plus, on a pu voir dans les tests qu'il lui ressemble beaucoup, mais au-delà de la ressemblance, nous voulions avoir un très bon acteur.»

Vrai qu'on avait pensé à Guillaume Lemay-Thivierge, après l'avoir entendu chanter du Offenbach à la Saint-Jean, et parce qu'il avait travaillé avec Alain DesRochers pour Nitro, sauf que le conjoint de Mariloup Wolfe sera de nouveau papa et préfère se consacrer à ses responsabilités parentales.

«Le processus a été très long, mais je suis très content, confirme Alain DesRochers. On a rencontré une dizaine de comédiens et celui qui ressortait le plus, c'était Mario. Son charisme, son esprit, sa ressemblance étaient évidents. Il fallait trouver quelqu'un de ni trop jeune ni trop vieux, puisque nous couvrirons sa vie de 20 à 44 ans, en plus d'aborder son enfance.»

Même yeux d'un bleu étincelant, même voix éraillée, même gabarit... «Mais nous ne voulons pas imiter Gerry, dit le cinéaste. D'ailleurs, ce seront les vraies chansons qui seront utilisées pour le film, comme dans celui d'Édith Piaf avec Marion Cotillard.»

Blitz de casting

La production est en plein blitz de casting, la distribution totale n'étant pas encore confirmée. Si on sait déjà que celle qui incarnera sa femme, Françoise Faraldo, sera une comédienne française, on n'a pas encore trouvé le jeune acteur qui incarnera Gerry à 12 ans, et il faut combler plusieurs personnages, compte tenu du fait que les membres d'Offenbach ont souvent changé. «Mais ce n'est pas un film sur Offenbach, tient à préciser Alain DesRochers. C'est un film sur la passion d'un homme pour qui la chose la plus importante dans sa vie était la musique, et sur son combat à la fin de sa vie.»

Ce long métrage, scénarisé par Nathalie Petrowski, s'inspire notamment de la biographie de Gerry Boulet, Avant de m'en aller. Le film est doté d'un budget de 6 millions de dollars.