Après avoir assuré la postproduction de plusieurs de ses films à Montréal, Claude Miller a eu envie de tourner un film tout entier au Québec. C'est ce qu'il fait depuis quelques semaines avec Voyez comme ils dansent, un long métrage qui réunit James Thiérrée, Anne-Marie Cadieux, Marina Hands et Yves Jacques.

Ce film est l'adaptation d'un livre américain de Roy Parvin. «C'est une nouvelle qui me touchait, que j'avais envie d'adapter, mais je n'avais pas envie de faire un film américain et je voulais travailler avec des francophones. J'ai donc transposé l'aventure au Québec», expliquait hier le réalisateur lors d'une conférence de presse à Montréal.

 

Dans le scénario cosigné Nathalie Carter et Claude Miller, le voyage se déroule dans les grands espaces canadiens que Lise, une jeune femme endeuillée (Marina Hands), traverse d'est en ouest. Après la mort de son mari, Vic (l'artiste de théâtre James Thiérrée, ultraconnu en France), Lise traverse le Canada en train et rencontre, par hasard, la femme pour qui Vic l'avait quittée.

Oubliez le folklore qui est souvent la résultante de la rencontre entre un réalisateur français et un sujet québécois. Claude Miller s'intéresse, lui, aux sentiments des uns et des autres. «C'est une question que l'on se pose souvent quand on a été quitté, on veut savoir qui était l'autre. C'est quelque chose d'intimiste, qui s'ancre dans un paysage spectaculaire», dit-il.

L'autre femme est une autochtone canadienne, interprétée par l'actrice irano-italienne Maya Sansa. «Pour le public français, il m'était difficile de prendre une Française connue du grand public pour ce rôle. J'ai voulu chercher une comédienne «exotique» pour le public français, une actrice qui soit une «native vraisemblable»», poursuit Claude Miller. «Pour moi, c'est vraiment un grand plaisir», confie Maya Sansa.

Tourné intégralement à Montréal, Voyez comme ils dansent fait également la part belle à des comédiens québécois qui, une fois n'est pas coutume, incarnent des Français dans le film (Anne-Marie Cadieux et Benoît Brière) ou des Canadiens bilingues: c'est le cas d'un complice de longue date de Miller, Yves Jacques.

«Ce qui me ravit, c'est que Claude tourne entièrement le film ici. Claude, c'est mon école de cinéma», dit celui qui a déjà été français dans La petite Lili ou encore Un secret. C'est un farouche défenseur, aussi, des coproductions. «Cela se fait beaucoup à Londres, New York ou L.A.: si ça peut se faire avec les francophones, cela m'enchante», dit-il.

Avec les équipes québécoises, Claude Miller n'a pas changé sa façon de travailler. «Je ne pense pas que cela dépayse l'équipe québécoise. C'est un tournage très agréable, il y a une grande efficacité et un pragmatisme nord-américain, mais aussi de la fantaisie continentale (chez les Québécois)», assure-t-il.

Voyez comme ils dansent est produit par la France, le Québec et la Suisse. Il sera distribué ici par les Films Séville. Le tournage se poursuit trois semaines encore.