La nouvelle est tombée de façon discrète, à l'image de l'homme. Serge Dussault, critique de cinéma à La Presse pendant une bonne vingtaine d'années, est décédé subitement jeudi dernier. Il était âgé de 80 ans.

Serge Dussault est entré à La Presse à la toute fin des années 60. Devenu critique de cinéma, il a écrit dans nos pages jusqu'en 1998, alors qu'il était déjà retraité. Depuis plusieurs années, il faisait partie du comité de sélection du Festival des films du monde de Montréal.

Ardent défenseur de l'écriture cinématographique, il vouait une grande admiration à des cinéastes comme Robert Bresson et Jean-Luc Godard. À l'occasion de la sortie d'Hélas pour moi, un film que Godard a tourné en 1993, notre distingué collègue a écrit ceci:

«Sans cohérence, Godard? Mais non! Il y a, quoi qu'on en pense, une organisation dans son apparent désordre. Mais pas facile à déceler, j'en conviens. Godard a une façon unique de filmer, de capter des regards (...). Une façon d'interroger les acteurs sur leur métier, sur le film qu'ils tournent. Il y a dans ses films un enchaînement de l'image et de la musique qui ne se superposent pas mais se suivent dans une parfaite harmonie. De quoi il parle, Godard, dans Hélas pour moi? J'ai vu le film quatre fois. Je ne sais pas encore très bien. De Dieu, assurément. On le sait depuis Je vous salue Marie, Godard est un homme de foi. Mais il ne connaît pas Dieu, il le cherche dans les mythes, dans la sagesse ancienne: «Nous ne savons plus allumer le feu, mais nous savons encore dire la prière.» Il parle (...) des hommes et des femmes, du désir et de la fidélité. Il s'inquiète: «...toujours quelque chose d'avilissant dans l'exhibition de la vérité toute nue».»

Une cérémonie d'adieu aura lieu prochainement avec la famille immédiate, mais les amis du défunt sont conviés le 24 avril à prendre un verre en sa mémoire. Pour connaître l'heure et le lieu, il faut écrire à sergedussault@sympatico.ca