La dernière fois que la variole a frappé Montréal, c'était en 1885. Une suite d'erreurs fatales, d'événements malheureux et un lot de vaccins contaminés avaient à cette époque entraîné la mort de 2300 personnes, surtout des enfants des quartiers francophones de Montréal.

Et si la variole revenait nous hanter aujourd'hui, serions-nous armés pour nous défendre? C'est la question que pose le cinéaste Jefferson Lewis, dans son documentaire La variole: anatomie d'un fléau, qui s'inspire de l'ouvrage Montréal au temps du grand fléau: l'histoire de l'épidémie de 1885, de l'historien Michael Bliss.

Une agente de bord (la patiente Zéro) s'isole dans une chambre d'hôtel à Montréal, croyant avoir attrapé la varicelle. Mais c'est en fait la variole qui lui donne cette fièvre et ces rougeurs. Heureusement pour elle, son cas est mineur et elle s'en tire facilement. Mais la femme de chambre qui fait le ménage après son départ de l'hôtel n'a pas sa chance et périt. Une pandémie explose à Montréal, le temps de crier «campagne de vaccination». Et nous voilà replongés au même point qu'en 1885.

«Dans l'histoire, les pandémies ont toujours suivi les mêmes étapes. Il y a d'abord la non-croyance, des tentatives de cacher les faits chez les autorités qui essaient de minimiser l'impact, puis, la panique s'installe. Quand de telles catastrophes surgissent, il s'agit du résultat d'une suite d'erreurs. Et on cherche toujours à blâmer quelqu'un», analysait le cinéaste Jefferson Lewis, après la présentation aux médias de La variole: anatomie d'un fléau.

Dans son film où il établit des parallèles avec la crise du SRAS, le petit-fils et biographe du Dr Wilder Penfield montre du doigt la faiblesse de notre système de santé. «Nous ne sommes pas préparés. Les experts s'entendent pour dire qu'une pandémie est attendue, mais laquelle?» indique celui qui a fait témoigner plusieurs experts comme l'épidémiologiste Michael Libman et la Dre Theresa Tam.

Ce n'est pas un hasard si pour la projection de presse, les journalistes ont été convoqués au Musée des Hospitalières. La communauté envoyée en Nouvelle-France en 1659 pour seconder Jeanne Mance a joué un rôle déterminant pour le contrôle de l'épidémie.

«Grâce à leur dévouement, leur compassion et leur clarté, leur souci de servir et d'accueillir, elles ont occupé un rôle de pionnières dans les soins de santé à Montréal», indique le cinéaste.

Plaidoyer pour la vaccination

Le documentaire La variole: anatomie d'un fléau nous apprend que si la variole refaisait aujourd'hui surface, ce serait l'oeuvre d'une attaque bioterroriste. Il est aussi un plaidoyer en faveur de la vaccination de la population. «Pendant qu'on faisait la narration du film, la crise du H1N1 explosait. Ces jours-ci, on entend des commentaires de gens qui sont presque déçus qu'il n'y ait pas eu plus de morts. Mais c'est bien le signe que la campagne de vaccination a été bénéfique.»

Variole, grippe aviaire, SRAS, tuberculose... Il paraît que ça s'en vient. En attendant, il ne nous reste qu'à nous laver les mains et espérer que la mort rouge ne ressuscite pas.

La variole: anatomie d'un fléau, en première au Cinéma ONF du 1er au 3 avril.