Jean-Marc Barr, c'est bien sûr l'inoubliable Jacques Mayol dans Le grand bleu, film-culte de Luc Besson qui lui a ouvert toutes grandes les portes de l'industrie du cinéma partout dans le monde. C'est aussi l'un des acteurs fétiches de Lars Von Trier, de qui il s'est inspiré pour tourner lui-même des films dans le respect du Dogme 95 créé par le réalisateur danois. C'est surtout un électron libre, qui choisit ses projets selon son inspiration.

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Kim Nguyen lui a proposé le rôle de Max lors d'une rencontre dans un festival en Sibérie. Après quelques modifications au scénario, il l'a accepté. «Surtout pour l'impression de l'homme lui-même, qui s'est confirmée pendant le tournage, dit-il, joint au téléphone à Paris. Je n'ai vu aucun de ses films, pas même celui dans lequel je viens de tourner, mais si ça ressemble à l'homme que je connais, ça ne peut qu'être bon.»

Cet acteur franco-américain ne craint pas de donner la chance au coureur et de participer à des projets originaux, quitte à se casser la gueule. «C'est là qu'est la vraie aventure, croit-il. Quand on participe à un film de 50 millions d'euros, on entre dans une industrie presque stalinienne dans son contrôle de tout. Alors quand on a la possibilité de faire quelque chose de frais, quand c'est un do or die pour le réalisateur, il y a une vraie passion qui se met en place. Peut-être moins d'argent, mais ça garde jeune!»

Sans oublier que cela permet des rencontres et des expériences inoubliables. Il rigole en racontant les problèmes d'interprétation sur le plateau entre les techniciens tunisiens et canadiens. Et travailler avec des acteurs étrangers pendant deux mois, cela ressemble à avoir des amants, selon lui. «L'envie de faire du cinéma international attire les mêmes gens dans cette harmonie qui peut exister tout à coup. C'est formidable d'être nous-mêmes étrangers en train de faire un film qui concerne justement le pays dans lequel on est en train de tourner. On ne fait pas du Disney. Les films, aujourd'hui, dans cette période Avatar, c'est vu comme des résultats de football à la fin de la semaine. Ce n'était pas comme ça il y a 30 ans. On est en train de vivre la fin de cycle du capitalisme comme les Soviets ont vécu la leur. Rien ne dure... »

Pour le personnage de Max, médecin militaire au bord de l'effondrement, il dit s'être inspiré du film Cool Hand Luke de Stuart Rosenberg, mettant en vedette Paul Newman. «C'est un personnage qui est perdant dès le début de l'histoire et malgré cet enfer dans lequel il est, il ne se retrouve qu'à être humain et à agir comme un humain.

« Le message individuel et humain que j'ai envie de partager est une énorme récompense pour moi, dit-il. C'est en tout cas ce que je cherche. La folie entourant Le grand bleu, ça reste mythique et ambivalent à la fois. J'accepte ce succès. Mais l'évolution que j'ai eue avec Lars Von Trier me permet d'être un spectateur différent et de découvrir un cinéma qui essaie de se questionner. Je pense que Kim est une petite branche du même arbre que celui de Lars Von Trier. C'est un type qui essaie, avec un film canadien, de créer un film international. Je trouve ça ambitieux et génial. »