Heureux de retourner à Cannes pour y présenter son deuxième film, le réalisateur Xavier Dolan préfère dire qu'il s'agit d'une autre aventure qui commence plutôt qu'une aventure qui se poursuit.

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L'étoile montante du cinéma québécois, âgé de 21 ans, effectuera un retour fracassant au Festival de Cannes alors que son deuxième film, Les Amours imaginaires, a été sélectionné pour le volet «Un certain regard».

Dolan préfère parler d'une «autre aventure» puisque son deuxième long métrage, dont il termine la post-production, est fort différent de J'ai tué ma mère qui lui a permis de rafler trois prix à Cannes en 2009. Il souhaite éviter tout débat portant sur la comparaison des deux films.

«Ce n'est pas la même chose, a dit Dolan, en entrevue à La Presse Canadienne, quelques heures après que la nouvelle soit tombée. Ce n'est pas le même film, pas le même genre. Je le prends comme une expérience dissociable de la première. Je ne tenais pas pour acquis de voir le film choisi, surtout pas en sélection officielle. Alors je suis content d'intégrer ces rangs-là.»

«C'est une autre catégorie et aussi une façon d'éviter l'écueil de la comparaison. J'ai tué ma mère est une histoire dramatique racontée avec humour. Là, c'est un film de jeunes adultes, plus léger, plus frivole. Au niveau de l'exécution il y a amélioration par rapport à mon premier film. J'espère ne pas avoir fait les mêmes erreurs de débutant», a-t-il indiqué.

Dolan en a même rajouté pour bien signifier ces différences.

«Le ton, la lumière, le propos, c'est différent. C'est moins dense, moins viscéral, moins suffocant, moins huis clos que mon premier film centré sur deux personnes. Là, c'est l'amour at large», a-t-il expliqué.

Cette deuxième visite consécutive dans le tourbillon de Cannes, dans la cour des grands cinéastes de ce monde, l'enchante au plus haut point.

«Cannes, c'est plus important qu'un gala ou une cérémonie. Oui, il y a un palmarès, mais ce qui m'intéresse, ce sont ces rencontres annuelles importantes de la communauté cinématographique mondiale. C'est un rendez-vous très important, et pouvoir faire partie de ce que les gens de Cannes considèrent le cru annuel, ça me flatte énormément» a-t-il ajouté.

«Ce qui m'intéresse, c'est le plan humain, c'est que des gens à Cannes disent: 'on considère le film, on l'aime bien, on va le prendre'. Ça me motive dans ma démarche, ça me guide dans ma carrière», a conclu le jeune cinéaste, qui était aussi heureux de voir l'équipe du film Polytechnique rafler plusieurs prix Génie, événement qui récompense les artisans du cinéma canadien.

«Polytechnique a été formidablement bien exécuté, très fort par moment, bien interprété. Je suis content pour eux. Si j'avais été en nomination, j'aurais souhaité que ce soit ça qui arrive quand même. J'aime mieux que Polytechnique gagne par discernement, par justice plutôt que moi qui gagne et qui se demande si je l'ai emporté par compassion. En étant écarté, on n'a pas ces dilemmes moraux-là», a-t-il souligné.

«J'ai gagné ici au Québec et ailleurs dans le monde. Je suis encore sur cette transe-là et ça me suffit. Je ne fais pas ca pour gagner des prix. Je veux toucher les personnes avec mes films», a-t-il conclu.

À la remise des prix Génie lundi dernier, Dolan a toutefois mérité le Prix Claude-Jutra remis à un cinéaste qui en est à un premier film. Mais il était absent de la cérémonie.

À Cannes, la nouvelle oeuvre de Dolan sera le premier film canadien a être présenté dans le volet «Un certain regard» depuis Atanarjuat, l'homme rapide de Zacharias Kunuk, en 2001.

Son nouveau film qui met aussi en vedette Monia Chokri, Niels Schneider, Patricia Tulasne et Anne Dorval,  prendra l'affiche au Québec le 11 juin.

Produit par Xavier Dolan, Daniel Morin et Carole Mondello, le film sera distribué par Remstar en collaboration avec Alliance Vivafilm.