Après Audrey Tautou dans Coco avant Chanel, c'est au tour d'Anna Mouglalis d'incarner pour le grand écran la célèbre couturière française.

En adaptant le roman Coco & Igor, de Chris Greenhalgh, Jan Kounen relate, dans un style un peu trop académique, un épisode postérieur de la vie de Coco Chanel, sa liaison avec le compositeur russe Igor Stravinsky.

Coco Chanel & Igor Stravinsky, qui prendra l'affiche vendredi, débute par une représentation en 1913 du Sacre du printemps à Paris, au théâtre des Champs-Élysées. Gabrielle Chanel, dite «Coco», qui vit alors avec l'Anglais «Boy» Capel, adore cette oeuvre, anticonformiste et novatrice d'Igor Stravinsky, qui est conspuée par une bonne partie de la salle.

Sept ans plus tard, «Boy» Capel meurt dans un accident de voiture. Coco, qui connaît une belle réussite professionnelle, est effondrée par la mort de son amant. Elle rencontre alors Igor Stravinsky, qui a fui la Révolution russe et s'est réfugié à Paris. Elle lui propose de l'héberger dans sa maison, près de Paris, pour qu'il puisse travailler plus à son aise. Celui-ci accepte, et emménage avec femme et enfants. C'est le début d'une liaison passionnée, et dévorante, entre les deux créateurs.

Coco avant Chanel, d'Anne Fontaine, sorti au début de cette année, évoquait la jeunesse de Gabrielle Chanel. Chronologiquement, Coco Chanel & Igor Stravinsky se passe plus tard, alors que la couturière est déjà devenue une femme d'affaires. Physiquement, Anna Mouglalis n'a bien sûr rien à voir avec Audrey Tautou, mais elle se glisse également avec beaucoup d'aisance dans le rôle, peut-être parce qu'elle a été l'égérie de Chanel.

Toutefois, on ne ressent pas la passion qui est censée lier son personnage avec Igor Stravinsky (joué par Mads Mikkelsen), ce qui enlève au film une bonne partie de son intérêt. La troisième figure essentielle du film est jouée par Elena Morozova, qui incarne tout en retenue Catherine Stravinsky, l'épouse trompée du compositeur qui voit, impuissante, son mari s'éloigner d'elle.

Parallèlement, on découvre Coco, exigeante, dans sa maison de couture, et on la suit surtout à Grasse, en 1921, où elle confie au créateur de parfum Ernest Beaux la création de son premier parfum. Parmi des séries d'échantillons numérotées de 1 à 5 et de 20 à 24, c'est sur l'échantillon numéro 5 que se porte son choix, ce qui donnera finalement son nom au célèbre parfum.

Réalisateur de Dobermann, Blueberry et 99 francs, Jan Kounen a particulièrement soigné les décors et les costumes de son nouveau film, dont la musique (en plus de celle de Stravinsky) est signée Gabriel Yared. La réalisation est fluide, mais un peu trop académique pour émouvoir le spectateur, qui reste extérieur à l'histoire. Le duo Audrey Tautou-Benoît Poelvoorde était plus convaincant dans Coco avant Chanel.

Coco Chanel & Igor Stravinsky, présenté en clôture du dernier Festival de Cannes, apporte toutefois un éclairage intéressant sur deux personnages ambitieux qui auront vécu jusqu'au bout leurs passions, qu'elles soient professionnelle ou amoureuse, sans en mesurer parfois toutes les conséquences.