En Californie, la loi exige que les bébés montrés à la télé et au cinéma soient de véritables divas.

Les nouveaux-nés doivent ainsi obtenir des permis et une note d'un médecin avant de pouvoir devenir des stars. Ils ne peuvent passer plus de 20 minutes par jour devant la caméra et ils doivent être accompagnés d'une infirmière et d'un professeur, tous deux payés par les producteurs. Les bébés doivent aussi être âgés d'au moins 15 jours.

Les réalisateurs du film Bébés, un documentaire qui prendra l'affiche vendredi, affirment cependant qu'ils n'avaient pas à répondre à toutes ces exigences. Ils ont choisi les quatre vedettes internationales du film alors qu'elles se trouvaient toujours dans le ventre de leur mère et les ont filmées sans les déranger, dans leur milieu naturel, selon la productrice Amandine Billot.

Le film pourrait malgré tout avoir enfreint les lois californiennes sur le travail des enfants, puisque l'une de ses jeunes vedettes réside dans cet État.

La loi est claire et elle s'applique à toute production cinématographique incluant des enfants, même les documentaires, a précisé Toni Casala, fondateur de ChildrenInFilm.com, une ressource en ligne pour les parents et les producteurs qui souhaitent placer des enfants devant la caméra.

Présenté sans narration ou dialogue, Bébés suit quatre nouveaux-nés de différents endroits à travers le monde, de leur naissance jusqu'à leurs premiers pas. Les cinéphiles pourront ainsi suivre les premiers balbutiements de Ponijao, qui mène la vie traditionnelle du peuple Himba, en Namibie; de Bayarjargal, le fils de nomades de la Mongolie; de Mari, qui grandit au coeur de Tokyo; et de Hattie, une fillette de San Francisco.

Le réalisateur Thomas Balmes affirme qu'il souhaitait montrer le côté universel de l'amour parental et du développement de l'enfant, malgré les différences géographiques et culturelles.

«Nous avions besoin d'un environnement commun en matière d'amour, d'affection et de temps, a expliqué le cinéaste. Le message du film, c'est que tant que vous avez ces trois éléments, c'est ce qui est crucial et qui contribue à la croissance du bébé.»

Le réalisateur français dit avoir tourné la majeure partie des images lui-même, en essayant de déranger ses sujets le moins possibles.

Pourtant, si quelqu'un fait une plainte au sujet de Bébés auprès de la commission du travail de Californie, une enquête pourrait être menée, affirme l'avocat David Gurley.

Il n'a pas voulu parler spécifiquement de Bébés, puisqu'il n'a pas encore vu le film, mais il a confirmé que les lois de l'État s'appliquent à tout type de production tournée en Californie avec des mineurs, incluant Hattie.

Ceux qui sont pris à enfreindre la loi peuvent recevoir une amende allant de 50 $ à 5000 $ par infraction.

Les producteurs du film disent cependant qu'ils n'ont rien fait d'illégal, puisque les bébés de leur production ne travaillaient pas.

«Les lois californiennes sur le travail des enfants ne s'appliquent qu'aux employés, et Hattie n'a jamais été une employée, a expliqué Amandine Billot. Comme les cinéastes qui se fondent dans l'environnement pour tourner des films sur la faune, nous nous sommes assurés de créer un film sur la faune des bébés humains en étant le moins dérangeants possible. En bref, nous avons tranquillement observé et enregistré les activités des bébés.»