Le Festival de Cannes déroule mercredi son tapis rouge aux cinéastes du monde entier, dont Takeshi Kitano, Ajejandro Gonzalez Inarritu, Mike Leigh, Abbas Kiarostami, Woody Allen ou Nikita Mikhalkov, sur une Croisette balayée cette année par un coup de mer et de vives polémiques.

Mercredi deux stars australiennes, Russell Crowe et Cate Blanchett, monteront les marches pour le spectaculaire film d'aventures Robinhood de Ridley Scott, qui ouvrira, hors compétition, cette 63e édition (12-23 mai).

Eux aussi à l'affiche du film, l'Américain William Hurt et la Française Léa Seydoux seront accueillis par le réalisateur d'Alice in Wonderland Tim Burton, président d'un jury 2010 où figurent les acteurs Benicio del Toro, Kate Beckinsale, Giovanna Mezzogiorno et le musicien Alexandre Desplat.

Parmi les films les plus attendus figurent les dernières productions des Américains Woody Allen, You will meet a tall dark stranger et Oliver Stone Wall Street 2. Hors compétition aussi, le Français Olivier Assayas dévoilera son portrait-fleuve du terroriste Carlos, d'une durée de 5 h 33, produit par la chaîne privée française Canal Plus.

D'ici là sur le front de mer, on s'activera pour effacer les traces du coup de mer qui s'est abattu mardi, endommageant les installations sur les plages.

Mais c'est un film qui a provoqué le plus fort avis de tempête sur la Croisette : quatre ans après le sacre des acteurs d'Indigènes qui avaient reçu un prix d'interprétation collectif, la venue du cinéaste franco-algérien Rachid Bouchareb avec Hors-la-loi a suscité la polémique.

Ce long métrage suit, de la fin des années 1930 à l'indépendance algérienne en 1962, le destin de trois frères à travers les tumultes de l'histoire franco-algérienne.

Taxé de «négationniste» par un député français de droite, Lionnel Luca - qui ne l'a pas vu, mais s'est fondé sur un rapport du service historique du ministère de la Défense, à partir d'un scénario provisoire -, le film s'est attiré les foudres de l'extrême droite, d'associations représentant des harkis, des anciens combattants et des rapatriés d'Algréie.

Une douzaine d'intellectuels ont réagi en dénonçant le «retour en force de la bonne conscience coloniale».

Une polémique qui rappellera des souvenirs au cinéaste de la Nouvelle vague Jean-Luc Godard qui, à 79 ans, présente hors compétition son Film Socialisme - disponible en VOD le même jour, un pied-de-nez à la distribution classique.

Son film Le Petit Soldat, tourné en 1959, avait été interdit jusqu'à la fin de la guerre d'Algérie, en 1962, et un député nommé Jean-Marie Le Pen, qui n'était pas encore leader de l'extrême droite française, avait alors exigé l'expulsion du cinéaste suisse.

Une page d'Histoire est aussi au coeur de Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois avec Lambert Wilson, inspiré de l'assassinat des moines de Tibéhirine en 1996 en Algérie. C'est l'un des trois films français en compétition, avec Tournée de l'acteur Mathieu Amalric projeté dès jeudi, et La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier dévoilé dimanche.

Des cinéastes connus - l'Iranien Abbas Kiarostami, le Mexicain Ajejandro Gonzalez Inarritu, l'Italien Daniele Luchetti ou le Coréen Lee Chang-dong - ou moins connus tels que le Chinois Wang Xiaoshuai ou le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, briguent la Palme d'or, remportée l'an dernier par Le ruban blanc de l'Autrichien Michael Haneke.