La France, par la voix de ses ministres des Affaires étrangères Bernard Kouchner et de la Culture Frédéric Mitterrand, a appelé mercredi à la «libération immédiate» du cinéaste iranien Jafar Panahi, invité comme membre du jury au Festival de Cannes qui débute mercredi.

«Il est l'un des représentants les plus éminents du cinéma iranien et à toute sa place dans ce festival dont il avait été invité à être membre du jury 2010», affirment les deux ministres, dans un communiqué commun.

«Nous appelons à sa libération immédiate et nous demandons aux autorités de Téhéran de respecter le droit fondamental à la liberté d'expression et de création pour les Iraniens», poursuivent-ils.

Jafar Panahi, 49 ans, cinéaste de la «nouvelle vague» iranienne, qui soutient ouvertement l'opposition au régime de Téhéran, est accusé par le ministère iranien de la Culture et de la Guidance d'avoir «préparé un film contre le régime portant sur les événements post-électoraux».

Les «événements post-électoraux» sont une référence aux manifestations - durement réprimées - ayant suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.

Le cinéaste iranien a notamment reçu le Lion d'or à la Mostra de Venise en 2000 pour Le cercle et l'Ours d'argent à la Berlinale en 2006 pour Hors-jeu. Il a été primé deux fois à Cannes (Le ballon blanc, Prix de la Caméra d'or 1995 et l'Or pourpre, Prix du jury-Un Certain Regard en 2000).

Selon Amnesty International, qui a également demandé sa libération, mardi soir, le cinéaste est actuellement détenu à la prison d'Evin à Téhéran, avec un autre cinéaste iranien, Mohammad Ali Shirzadi, apparemment pour avoir filmé une interview entre un défenseur des droits de l'homme et un religieux dissident.

Amnesty considère les deux hommes comme des «prisonniers de conscience».

Jafar Panahi a récemment reçu le soutien de grandes figures d'Hollywood, dont Steven Spielberg et Martin Scorsese.

Le Festival de Cannes dure jusqu'au 23 mai.