Le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb a voulu jeudi calmer la polémique qui entoure son film Hors-la-loi, en compétition pour la Palme d'or au 63e Festival de Cannes.

«Dans un souci d'apaisement», le cinéaste relève, dans une lettre envoyée aux organisateurs du festival de cinéma, que «depuis trois semaines, une polémique précède la présentation à Cannes de (son) film Hors-la-loi, alors que ceux qui participent à cette polémique n'ont pas vu le film».

Hors-la-loi, une coproduction franco-algéro-belge, évoque les massacres commis par l'armée française en 1945 à Sétif, qui avaient fait de très nombreux morts, et que certains considèrent comme le début de la guerre d'indépendance en Algérie.

Décrié par l'extrême droite notamment, ainsi que par le député UMP des Alpes-Maritimes Lionnel Luca qui l'a qualifié d'«anti-français», il sera projeté le 21 mai sur la Croisette.

Défendant sa liberté de création, Rachid Boucharab a expliqué qu'il s'agit d'«un film de fiction, une saga qui raconte l'histoire de trois frères algériens et de leur mère sur une période de plus de trente-cinq ans, du milieu des années 1930 à l'indépendance de l'Algérie en 1962».

Selon le cinéaste, «il faut qu'il soit possible que le cinéma aborde tous les sujets».

«Je le fais en cinéaste, avec ma sensibilité, sans obliger quiconque à la partager», a-t-il ajouté.

Le cinéaste précise être favorable au «débat public», mais «après les projections». «Attaché comme je le suis à la liberté d'expression, il me paraît normal que certains puissent être en désaccord avec mon film, mais je souhaite que ce désaccord s'exprime dans un cadre pacifique et dans la sérénité du débat d'idées», ajoute-t-il.

«Pour le monde entier, la France est une terre de liberté et je suis particulièrement fier d'y montrer mon film, dans le plus prestigieux des festivals. Je souhaite que cette projection se fasse dans le respect mutuel et dans un climat serein», conclut Rachid Bouchareb.

L'Observatoire de la liberté de création, créé à l'initiative de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et qui regroupe plusieurs associations, a dénoncé des «pressions politiques de la part de plusieurs élus de la majorité» contre le film de Rachid Bouchareb.

Selon l'Observatoire, «des manifestations hostiles sont prévues» et un collectif proche de l'extrême droite a appelé «sur un site Internet à manifester à Cannes pour «pourrir» le festival».

Faouzi Lamdaoui, membre du conseil national du PS, a estimé que «les attaques politiques» contre ce film «bafouent un principe constitutionnel de la République: la liberté de l'expression artistique», alors que les Verts ont évoqué «une censure artistique inacceptable et contraire aux principes qui fondent notre démocratie».