La communauté cinématographique mondiale s'inquiète plus que jamais du sort réservé au cinéaste iranien Jafar Panahi, emprisonné depuis le mois de mars à la prison d'Evin, en Iran, pour avoir préparé un film sur la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.

Hier, le réalisateur du Ballon blanc, qui devait faire partie du jury à Cannes, a fait parvenir une nouvelle lettre, visible sur le site de Bernard-Henri Lévy La Règle du jeu. Ce qu'il y déclare, notamment dans la dernière partie, indique l'ampleur de son désespoir.

«Samedi 15 mai 2010, les gardes de la prison sont entrés subitement dans notre cellule no 56. Ils nous ont emmenés, moi et mes camarades de cellule, nous ont dénudés et gardés dans le froid pendant une heure et demie», peut-on lire dans cette missive.

«Je n'ai rien bu ni mangé depuis dimanche matin, et je déclare que si mes volontés ne sont pas respectées, je continuerai mes instants sans boire ni manger. Je ne veux pas être un rat de laboratoire, victime de leurs jeux malsains, menacé et torturé psychologiquement.»

Jafar Panahi conclut son message en indiquant ses volontés: «La possibilité de contacter et de voir ma famille, et l'assurance totale de leur sécurité; le droit d'avoir et de communiquer avec un avocat, après 77 jours d'emprisonnement; une liberté sans condition jusqu'au jour de mon jugement et du verdict final. Enfin, poursuit-il, je jure sur ma croyance, le cinéma: je ne cesserai ma grève qu'une fois mes volontés assouvies. Ma dernière volonté est que ma dépouille soit rendue à ma famille pour qu'elle puisse m'enterrer où elle le souhaite.»

Jafar Panahi avait obtenu le Lion d'or de la Mostra de Venise en 2000 pour Le cercle, et l'Ours d'argent à la Berlinale en 2006 pour Offside. Il était le président du jury du Festival des films du monde de Montréal l'an dernier.