L'Iran ne diffusera pas en salles le dernier film du cinéaste iranien Abbas Kiarostami présenté au Festival de Cannes, Copie conforme, en raison notamment de «l'habillement» de l'actrice principale, Juliette Binoche, a-t-on appris jeudi.

«Ce film n'est pas mauvais», a déclaré le vice-ministre de la Culture Javad Shamaqdari cité par plusieurs quotidiens.

«Mais en raison de l'habillement de Juliette Binoche il ne pourra pas être présenté en salles», a-t-il ajouté, sans donner de précision sur le problème posé par la tenue de l'actrice.

«En revanche, il pourra être montré dans certaines universités et certains cercles privés», a-t-il dit.

Juliette Binoche a été récompensée dimanche à Cannes par le prix d'interprétation féminine pour son rôle dans Copie conforme.

Le vice-ministre de la Culture a précisé qu'il n'avait pas vu le film à Cannes mais «dans une salle à Paris». «Il y avait 35 spectateurs dans une salle de 300 places, pour la plupart des personnes agées», a-t-il affirmé.

«Le film montre la solitude des personnes d'un certain âge du fait de la situation des familles liée aux libertés existant en Europe», a analysé le responsable iranien.

«Il n'aurait pas un grand public ici, seulement les Iraniens qui ont un mode de vie occidental», a-t-il ajouté en estimant que M. Kiarostami «ne cherche pas à faire diffuser son film en Iran».

En plus, a-t-il noté, «ce film a un distributeur américain, et en général nous ne diffusons pas les films qui ont des distributeurs étrangers».

Abbas Kiarostami, principale figure du cinéma iranien qui a remporté de nombreuses récompenses internationales dont la Palme d'Or à Cannes en 1997 avec Le goût de la cerise, a vu nombre de ses films interdits de diffusion en Iran, dont Shirin, tourné en 2008, Ten (2002) ou Le vent nous emportera (1999).

Copie conforme est son premier film à avoir été entièrement tourné à l'étranger.

Abbas Kiarostami a pris à Cannes la défense du cinéaste iranien Jafar Panahi, emprisonné en mars sous l'accusation d'avoir préparé un film sur les manifestations ayant suivi la réélection controversée en 2009 du président Mahmoud Ahmadinejad.

«Je ne comprends pas comment un film peut être considéré comme un crime, surtout quand ce film n'a pas encore été fait», a-t-il relevé.

Juliette Binoche a également pris position en faveur du metteur en scène, brandissant une petite pancarte marquée du nom de Jafar Panahi en venant chercher son prix sur l'estrade du Palais des festivals.

M. Panahi a été libéré mardi, 48 heures après la fin du Festival dans le jury duquel il aurait dû siéger.