L'été arrive et, avec lui, les films familiaux aux budgets aussi gros que les gallons de Pepsi vendus dans les cinémas. Films d'action pétaradants, comédies rose bonbon, longs-métrages d'animation rassembleurs : Hollywood ne ménage rien pour s'adresser aux adolescents, cible de choix pour une industrie milliardaire.

Mais pour certains ados, le cinéma, c'est plus qu'un simple divertissement pour un dimanche en famille. Déjà, le septième art contribue à forger leur vision du monde, aide à les définir, souvent loin des cascades d'Iron Man II ou des beaux vampires de Twilight.Pour eux, le cinéma, c'est beaucoup plus que du pop-corn.

«Le cinéma, c'est ma vie», lance Charlie, 12 ans. Contrairement à la majorité des jeunes de son âge, il n'a pas vu les films de la série Twilight. Et pour lui, l'action d'un film n'est pas un critère d'appréciation. «Pour les jeunes, ce qui compte souvent le plus, c'est les effets spéciaux, déplore-t-il. Pas pour moi.»

D'accord, il a tout de même aimé la trilogie du Seigneur des anneaux (la version allongée, bien sûr!), et il adore Star Wars (les vieux, surtout). Mais Charlie carbure aussi aux classiques des Monthy Python, Pierre Richard, Louis de Funès, Charlie Chaplin et aux légendaires James Bond! Son préféré? Dr No. «Un film qui date de 1962», précise avec un large sourire celui dont le James Bond favori est Sean Connery.

À l'origine de son intérêt pour le cinéma qui sort de «la saveur du mois», ses parents, et particulièrement sa mère, qui lui a fait regarder des Indiana Jones quand il était «jeune». Mais rapidement, Charlie a développé ses propres goûts. Il s'est mis à mémoriser les noms des réalisateurs, les années de production des films, les noms des acteurs, à voir au minimum cinq films par semaine. Plus que simple bouffeur de pellicule, il est devenu véritable cinéphile. «Ma mère m'a fait découvrir des films. Mais maintenant, c'est moi qui en fais découvrir à ma mère», dit-il.

À 12 ans, Charlie est conscient qu'il est en voie de se monter une bonne culture cinématographique. De quoi devenir critique de cinéma? «Non, je veux être acteur», lance le joli rouquin qui affectionne déjà le théâtre et l'improvisation.

Xavier Dolan fait des petits

Passion pour le cinéma aussi pour Alexis Ross, 16 ans. Pour lui, Twilight et Avatar, c'est non merci. Ce qui le branche ces jours-ci, c'est la nouvelle coqueluche du cinéma québécois, Xavier Dolan. Un véritable modèle avec son fameux J'ai tué ma mère qu'Alexis connaît par coeur. Au point où il s'amuse à en échanger des répliques avec sa copine, Alice. Celui qui compte aussi Forrest Gump parmi ses oeuvres préférées voit dans Xavier Dolan un jeune qui prouve que réaliser un film, c'est possible. «Je ne peux pas me prendre pour Robert Zemeckis, mais Xavier Dolan a montré qu'il était capable. C'est inspirant.»

Pour un projet de cinquième secondaire à l'école Joseph-François-Perreault, il vient d'ailleurs de réaliser un court-métrage de 16 minutes adapté de la nouvelle Un combat de Patrick Süskind. Signe que le cinoche, c'est du sérieux, il entreprendra à l'automne des études en cinéma au Collège François-Xavier-Garneau. Et d'où vient un tel goût pour le septième art? «De ma mère, qui écoute beaucoup de vieux films», conclut l'ado, qui, après l'entrevue, s'apprêtait à regarder In the Mood for Love du cinéaste chinois Wong Kar-wai. On est bien loin d'American Pie...