Le ministère de la Culture du Québec refuse de subventionner tel que proposé le projet d'agrandissement du cinéma Parallèle dans l'édifice d'eXcentris et confie à la SODEC le soin de trouver une solution. Hors de lui, le Regroupement des producteurs indépendants de films du Québec (RDIFQ) condamne le fait que 55 % des films projetés la fin de semaine dernière à Montréal étaient en anglais, faute de salles pour diffuser plus de films en français.

La Presse avait révélé le 2 juin que le Ministère étudiait la possibilité de subventionner l'acquisition des trois salles de l'édifice de Daniel Langlois et la construction de deux autres pour créer un complexe de cinq salles consacré au cinéma d'auteur. Une demande d'aide d'environ 12 millions lui a été présentée en mars pour ce projet pour lequel la Société de développement Angus travaille depuis plus d'un an comme mandataire du cinéma.

La ministre Christine St-Pierre a refusé d'octroyer la subvention demandée, ne voulant pas utiliser l'option d'une dérogation pour l'accorder. Denis de Langis, directeur général relations avec les sociétés d'État et immobilisations au ministère, a écrit à la présidente du conseil d'administration du Parallèle, Pascale Hébert, pour le lui signifier et lui annoncer que le président de la SODEC, François Macerola, a été mandaté pour trouver une solution.

Hier, Mme Hébert hésitait à commenter ce dossier, devant d'abord en référer à son conseil et préférant attendre une prochaine rencontre avec M. Macerola.

Le RDIFQ a publié un communiqué de presse, hier, critiquant le «déséquilibre de l'offre» en cinéma à Montréal. «On enregistrait 91 films en anglais dans les cinémas de Montréal et de son agglomération le week-end dernier, pour 69 films en français dont neuf entassés dans cinq salles (celles du Beaubien) et trois entassés dans une petite salle, celle du Parallèle. C'est-à-dire 55 % des films en anglais et 45 % en français, desservant une population francophone à 75 %», lit-on dans le communiqué de Louis Dussault, président du RDIFQ.

Il ajoute qu'il faut augmenter l'offre de films en français «et pour ce, dans le très court terme, les distributeurs québécois ont besoin d'urgence des salles d'eXcentris et du démarrage du projet d'en construire deux nouvelles».

Il était en colère d'apprendre que Québec refusait de subventionner directement le projet du Parallèle. «Si le gouvernement ne comprend pas le cinéma, il va au moins comprendre les sondages, a-t-il dit. Ce n'est pourtant pas compliqué. On demande à l'État de rétablir l'équilibre. Pour le Parallèle, c'est un PPP. Daniel Langlois a contribué au cinéma pendant 10 ans, assurant seul les coûts. Il veut laisser son édifice pour 12 millions alors qu'il en vaut 25. Québec doit prendre le relais et mettre ses culottes!»

François Macerola a indiqué qu'il espère que «tout le monde va collaborer». «Tout est sur la table», dit-il. Il appelle de ses voeux le secteur privé pour diminuer l'impact financier du projet pour Québec, donnant en exemple les initiatives de Phoebe Greenberg et de Quebecor avec sa salle Pierre-Mercure. Il assure être conscient du manque de salles à Montréal pour diffuser le cinéma d'auteur.