À l’intention des réalisateurs inquiets de voir le cinéma d’auteur mis en péril, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, veut se faire rassurante: elle ne les abandonnera pas, et ce, même si le gouvernement du Québec a refusé de subventionner le projet d’agrandissement du cinéma Parallèle dans l’édifice d’eXcentris.

Cette initiative de 12 millions de dollars - qui découlerait d’une entente entre le cinéma Parallèle et la Société de développement Angus (SDA) - servirait à la construction de deux nouvelles salles, s’ajoutant aux trois déjà existantes dans l’édifice d’eXcentris, afin de créer un complexe cinématographique.

Comme le projet permettrait la projection d’une panoplie de films d’auteur, il a reçu l’appui de bon nombre de réalisateurs. Mais Québec refuse d’embarquer dans cette aventure. Le ministère de la Culture estime que d’autres solutions peuvent être trouvées pour éviter de se lancer dans un chantier de construction de nouvelles salles. Selon la ministre, les trois écrans déjà en place sont suffisants.

«Ça ne veut pas dire qu’on ne croit pas au cinéma d’auteur et qu’on est froids, s’est défendu la titulaire de la Culture, au cours d’une entrevue accordée à La Presse cette semaine, dans les bureaux du Ministère sur le boulevard Saint-Laurent. On n’accepte pas de construire deux salles. Il y a déjà trois salles dans ce complexe, il me semble que c’est un bon départ. La construction de salles de cinéma ne fait pas partie des programmes d’infrastructure du ministère de la Culture, explique-t-elle. Le problème qu’on avait, c’est que c’était ce projet-là, ou rien.»

Pour tenter de dénouer l’impasse, la ministre a mandaté le président de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), François Macerola, afin qu’il trouve une solution pour permettre à eXcentris de projeter de nouveau sur ses écrans un grand nombre de films d’auteur. «J’ai très bon espoir qu’il va y avoir un terrain d’entente, ajoute Mme St-Pierre. Il y a moyen de trouver une façon de faire vivre la projection de cinéma d’auteur. Il y a de la place pour ça au Québec.»

Des rencontres ont eu lieu depuis avec les instigateurs du projet. Mais la SODEC refuse pour le moment de commenter davantage.

Temps durs

En plus de la saga eXcentris, au cours des derniers mois, plusieurs réalisateurs québécois - dont le collectif À tout prendre réunissant notamment Francis Leclerc (Un été sans point ni coup sûr), Bernard Émond (La donation) et Philippe Falardeau (C’est pas moi, je le jure!) - ont manifesté à quelques reprises leur inquiétude par rapport à l’avenir du cinéma d’auteur.

Il y a d’abord eu les propos tenus par le président de la SODEC, qui avait laissé entendre qu’il était temps que l’organisme se défasse de son étiquette de bailleur de fonds du cinéma d’auteur.

Autre préoccupation: le collectif craint que Téléfilm Canada - autre organisme de financement - mette la hache dans son programme destiné aux longs métrages indépendants à petit budget. Du côté de Téléfilm toutefois, on assure ne pas avoir l’intention de le faire disparaître.

Dans ce contexte, en plus de la tempête qui entoure le projet eXcentris, la ministre de la Culture comprend les préoccupations des cinéastes. «Il y a une inquiétude. Pour eux, ce sont des sommes importantes, mentionne-t-elle en faisant référence à l’enveloppe de Téléfilm Canada. Mais il ne faut pas non plus qu’on dise que personne ne fait rien. Ce n’est pas vrai. Tant qu’on va pouvoir, dans la mesure de nos moyens, on va les accompagner. On ne les abandonnera pas.»