Jusqu'au 28 juillet, Fantasia prend Montréal d'assaut, avec son orgie de films de genre en tous genres. Parmi les hauts faits de la programmation, une série complète sur le cinéma d'horreur serbe, auquel on consacrera une demi-douzaine de films et un colloque avec producteurs et réalisateurs venus de Serbie. Quelle place pour le film de peur dans un pays qui a connu l'horreur, la vraie? Mitch Davis, directeur de Fantasia, répond à la question.

Q - Pourquoi avoir consacré cette année une série au cinéma d'horreur serbe?

R Les voix qui émergent de cette nouvelle vague sont parmi les plus crues et fascinantes que nous ayons entendues depuis longtemps. Certaines sont déjà connues sur le plan international. Mais elles n'avaient jamais vraiment été réunies sous une thématique. On ne voulait pas louper cette occasion.

Q - Des films à ne pas manquer?

R - A Serbian Film (16 et 19 juillet), The Life and Death of a Porno Gang (10 et 12 juillet) et Tears for Sale (13 juillet) sont définitivement des films-clés de cette nouvelle vague. Ce sont des oeuvres qui nous confrontent, avec un fort sous-texte politique et un incroyable sens de l'urgence. Écrit par Aleksandar Radivojavic, A Serbian Film est probablement le film le plus dérangeant que j'ai vu, philosophiquement parlant. C'est féroce, dévastateur, déstabilisant. Comme tous les autres de cette génération, c'est un film qui vient de l'enfer.

Q - Est-ce que le cinéma d'horreur serbe est une vieille tradition ou un phénomène récent?

R - À notre connaissance, le premier film d'horreur serbe, The Shee Butterfly, date de 1973. Il s'inspirait d'un roman du XIXe siècle, mais n'a jamais été traduit en français ou en anglais. Nous en montrerons des extraits pendant notre table ronde. Entre 73 et la nouvelle vague actuelle, il n'y en aurait pas eu plus d'une douzaine. Nous allons en projeter trois à Fantasia cette année. Holy Place, Variola Vera et TT Syndrome.

Q - Quel rôle a joué le cauchemar politique serbe dans l'émergence de cette nouvelle vague?

R - Tous ces réalisateurs étaient enfants pendant la folie Milosevic. Leur histoire récente est si terrifiante qu'on peut à peine l'imaginer. Leur façon d'y faire écho par le cinéma est extraordinaire. Ils repoussent les frontières d'une façon rarement vue, avec intelligence et honnêteté plutôt qu'avec les ressorts faciles du cinéma d'horreur, bien que certains films comme Porno Gang et A Serbian Film soient aussi très choquants!

Q - Ont-ils d'autres particularités?

R - Ce sont des films particulièrement bien faits, avec de puissantes performances d'acteurs et un langage visuel affûté et imaginatif. Contrairement aux films d'horreur qui se font ailleurs, ce ne sont pas des films qui s'adressent aux jeunes. Vraiment pas.

> La Serbie subversive à Fantasia. Informations complètes sur www.fantasiafestival.com

> Une introduction au cinéma d'horreur serbe. Colloque et présentation multimédia, 14 juillet 18h au EV Building, 1515 Sainte-Catherine Ouest.