Dans Shutter Island, son équilibre psychologique était menacé par la nature de l'enquête qu'il menait. Dans Inception, il extirpe des informations secrètes des individus en s'insérant dans leurs rêves. Leonardo DiCaprio affirme ne pas avoir une attirance particulière pour les univers «intenses». Mais il n'aime pas les choses banales non plus.

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«Je n'analyse pas outre-mesure quand je reçois un scénario, a déclaré l'acteur au cours d'une conférence de presse. Cela dit, il est vrai que les rôles que j'ai choisis au cours des récentes années sont plus sombres sur le plan psychologique. J'essaie de toujours travailler avec les meilleurs. Et je saisis les occasions qu'on me donne. Les univers de Martin Scorsese ou de Christopher Nolan sont très stimulants. Il n'y a rien de plus ennuyeux pour un acteur que de livrer une réplique qui veut dire exactement ce que le personnage est en train de dire. Le sous-texte est toujours beaucoup plus intéressant!»

Même si le monde d'Inception ne ressemble à rien de ce que nous connaissons déjà, Leonardo DiCaprio a emprunté la même approche que d'habitude sur le plan de la préparation.

«Personnellement, je ne rêve pas beaucoup. Ou, si c'est le cas, mes rêves ne me laissent pas de souvenirs. En ce qui me concerne, la clé pour accéder à l'univers de Christopher est Christopher lui-même. C'est son monde. Ça lui appartient. Avec les structures et les règles précises qu'il a établies. J'avoue qu'à la lecture du scénario, j'ai été complètement fasciné, et surpris surtout par la clarté avec laquelle Chris a pu concevoir cet univers complexe. Même si l'intrigue est campée dans quatre niveaux du subconscient, le récit était plus facile à comprendre que ce à quoi je m'attendais au début!»

Des discussions enrichissantes

DiCaprio a aussi discuté longuement avec l'auteur cinéaste. Cette étape l'a enthousiasmé au plus haut point. «Le sujet est à la fois très riche et nous confronte aussi à des aspects intimes de notre pensée. Nos discussions ont pris la forme d'une formidable psychanalyse. J'ai aussi eu de très belles conversations avec Marion Cotillard, qui joue différentes incarnations de mon épouse dans le film.»

Même si son personnage évolue souvent dans un monde fantasmagorique, DiCaprio estime que le jeu, dans ces circonstances, reste exactement le même. «Il en va de la crédibilité du film, dit-il. Qu'il s'agisse d'un monde réel ou d'un monde parallèle, l'acteur doit faire en sorte que ce monde devienne la réalité dans laquelle il vit. Sinon, personne n'y croit.»

Leonardo DiCaprio s'apprête par ailleurs à incarner bientôt l'ancien directeur du FBI J. Edgar Hoover, vraisemblablement homosexuel de placard, sous la direction de Clint Eastwood. «Il n'est pas prévu que je me travestisse!» prévient toutefois l'acteur en faisant écho à la rumeur selon laquelle Hoover, décédé en 1972, aimait parfois emprunter l'apparence d'une femme.

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LES AUTRES PERSONNAGES DU FILM

Saito: Ken Watanabe

Révélé sur la scène internationale grâce à The Last Samurai, où il donnait la réplique à Tom Cruise, Ken Watanabe a déjà travaillé sous la direction de Christopher Nolan à l'époque de Batman Begins. Dans Inception, l'acteur nippon incarne un riche homme d'affaires qui mandate Cobb pour une ultime mission, laquelle pourrait se révéler rédemptrice. «Quand une proposition de Christopher Nolan arrive, on ne peut faire autrement que d'accepter!», déclare celui dont l'auteur cinéaste rappelle qu'il est un trésor national au Japon.

Arthur: Joseph Gordon-Levitt

Il est celui qui «organise» et met les plans à exécution. Fraîchement sorti du succès de (500) Days of Summer, Joseph Gordon-Levitt reconnaît n'avoir jamais vécu auparavant un tournage aussi exigeant. «En fait, je ne me suis jamais autant amusé sur un plateau mais comme nous devions recréer un monde dans lequel les repères habituels ne comptent plus, j'ai souffert physiquement. Mon corps s'est retrouvé dans des situations auxquelles il n'est jamais confronté d'habitude!»

Ariadne: Ellen Page

La jeune actrice canadienne, sélectionnée aux Oscars il y a deux ans grâce à sa performance dans Juno, incarne une étudiante en architecture hyper douée, à qui Cobb fait appel afin de concevoir des structures et des espaces une fois l'équipe entrée dans le monde des rêves. Elle est celle qui, en sa qualité de recrue, se retrouve dans la même position que le spectateur. «Habituellement, je me fous complètement que mes amis ou mes proches voient un film dans lequel je joue. Mais là, c'est différent. Je les incite à aller voir ce film et à ne pas me poser de questions!»

Eames: Tom Hardy

Contrairement à Ariadne, Eames est un vieux complice de Cobb. Un contentieux entre les deux hommes a peut-être même marqué leur long parcours ensemble. Il en est de même avec Arthur. L'acteur anglais a évidemment beaucoup apprécié l'expérience. «J'aime la diversité. Je sortais tout juste du tournage d'un film dans lequel je me battais à l'intérieur d'une cage! Je ne pouvais souhaiter plus différent!»

Mal: Marion Cotillard

L'actrice française, lauréate de l'oscar de la meilleure actrice il y a deux ans grâce à La môme (La vie en rose), se glisse dans la peau de l'épouse de Cobb. Ou plutôt, dans celle de ses différentes incarnations. Fait cocasse, le passage à l'état second se fait souvent - simple coïncidence - au son de la chanson Non je ne regrette rien. «Quand je commence à penser à un personnage que je dois incarner, différentes inspirations surgissent habituellement, indique l'actrice. Pas cette fois. Je suis partie d'une page complètement blanche. Mon inspiration n'a pas pris la forme d'un être humain mais plutôt celle d'un esprit. Celui de Christopher Nolan, en fait. Son imagination a été la clé.»

Robert Fischer: Cillian Murphy

S'apprêtant à hériter de tous les pouvoirs dans la puissante corporation que dirigeait son père, Fischer est celui vers qui toute cette mission est dirigée. Cillian Murphy, vu dans Batman Begins et, le temps d'une participation, dans The Dark Knight, a retrouvé avec grand plaisir le réalisateur Christopher Nolan. «Comme le personnage que j'incarne est la cible du groupe, j'ai eu à évoluer dans un monde un peu différent de celui de mes camarades. Je trouvais intéressant d'exploiter les carences affectives d'un homme qui s'apprête à hériter d'une fortune, sans toutefois n'avoir jamais pu développer de liens émotifs tangibles avec son père.»

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