Dans le nouveau film de Lisa Cholodenko, Julianne Moore forme avec Annette Bening un couple lesbien, qui élève deux ados. The Kids Are All Right évoque les relations familiales sous un autre angle, tout en faisant écho à des préoccupations résolument universelles...

«Il y a longtemps, au moment où j'ai eu l'occasion de rencontrer Lisa Cholodenko pour la première fois, je lui ai carrément demandé pourquoi je n'avais jamais reçu le scénario de High Art!» Ainsi s'exclame Julianne Moore quand elle explique les raisons pour lesquelles elle s'est beaucoup démenée afin que The Kids Are All Right puisse enfin voir le jour. «J'aime le cinéma de Lisa; j'aime sa démarche, ajoutait l'actrice au cours d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles récemment. J'aime aussi beaucoup le fait que ce film traite du mariage et de la famille.»

The Kids Are Allright (Une famille unique en version française) raconte en effet l'histoire d'une famille tout à fait ordinaire, de classe moyenne. À la différence qu'à sa tête se trouvent deux femmes (interprétées par Julianne Moore et Annette Bening) formant un couple vieux de 20 ans, qui élève deux ados. Le jour où elle atteint l'âge de la majorité, leur fille aînée entre en contact avec le père biologique, un type qui, à l'époque où il était étudiant, avait donné son sperme à une banque. Le film dresse ainsi le portrait d'une relation de couple à long terme, appelée à être transformée par l'arrivée d'un inconnu au sein de la dynamique familiale.

«Le désir d'être aimé, de fonder une famille, est le même pour tout le monde, peu importe l'orientation sexuelle, fait remarquer Julianne Moore. Il est très rare qu'on s'attarde dans un film à explorer une relation de couple qui dure depuis longtemps. C'est ce que je trouvais attirant dans ce scénario. Le droit à la famille, c'est aussi la somme de temps et d'efforts qu'on y investit.»

Du long terme

L'actrice était particulièrement intéressée par la manière avec laquelle la réalisatrice explore les changements qui peuvent survenir à l'intérieur d'un couple au fil des ans.

«Tous ceux qui vivent en couple depuis longtemps savent qu'une relation à long terme comporte des hauts et des bas, observe-t-elle. Un mariage, même solide, c'est dur à maintenir. Ceux qui décident de rester ensemble n'ont pas obligatoirement vécu des choses moins difficiles que ceux qui choisissent de divorcer. Tout dépend de son propre seuil de tolérance.»

Évidemment, le contexte dans lequel est campé ce récit est plus particulier, d'autant que ce long métrage arrive à une époque où la question du droit au mariage des personnes de même sexe est beaucoup débattue aux États-Unis.

«Je ne me considère pas du tout comme une cinéaste militante ni même politisée, déclare Lisa Cholodenko. Mais je trouve quand même très à propos cette sortie du film au moment où il y a beaucoup d'activités et de discussions autour de ces questions. L'idée de cette histoire m'est pourtant venue très simplement. Je me suis demandé un jour comment je réagirais si, advenant le fait où ma conjointe et moi aurions fait appel à une banque de sperme, notre enfant réclamait de connaître son père biologique à l'adolescence.»

Un désir profond

Julianne Moore fut la première actrice à qui l'auteure cinéaste a fait appel. Ensemble, elles se sont vite entendues pour qu'Annelle Bening campe la conjointe.

«Annette est mariée et je le suis aussi, indique Julianne Moore. Nous sommes aussi mères l'une et l'autre. Nous savons en quoi consiste la vie quotidienne à l'intérieur d'un couple qui s'aime depuis longtemps, comment tout cela se traduit en petits gestes. Nous n'avions aucun problème sur le plan de la représentation de cette affection. On voulait que le lien affectif entre ces deux femmes soit apparent.»

Ultimement, l'actrice estime cette histoire exemplaire, d'autant qu'elle est parsemée d'imprévus qui, à l'arrivée, peuvent remettre en question la solidité de la relation.

«Un couple gai fait face à des exigences encore supérieures au couple hétéro, je crois, dit-elle. Et doit répondre à des normes qui ne sont pas réalistes, particulièrement s'il désire fonder une famille. Il n'a pas le droit à l'erreur. La pression est énorme. En revanche, il n'y a pas un seul couple gai qui fonde une famille par accident. Cela découle d'un désir profond pour lequel il a dû faire des démarches incroyables pour le réaliser. En ce sens, c'est très différent.»

Après avoir enchaîné A Single Man, Chloe et The Kids Are All Right, Julianne Moore a tourné dans Crazy, Stupid, Love, un film dans lequel elle donne la réplique à Steve Carell.

«Il s'agit d'une comédie romantique. C'est une toute nouvelle carrière pour moi!» conclut-elle.

The Kids Are All Right (Une famille unique en version française) prend l'affiche le 16 juillet.

Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm (Focus Features).