«Je suis vraiment heureuse d’être au cœur d’une telle aventure humaine et artistique», témoigne Marie-Ginette Guay, qui interprétera Gabrielle Lévesque dans l’adaptation cinématographique de Sur la route de Jack Kerouac. Et pour cause. Le film coproduit par Francis Ford Coppola et Gus Van Sant dispose d’un budget de 25 millions $ et d’une distribution de premier plan.

Le tournage a débuté la semaine dernière à Montréal et se poursuivra ensuite en Argentine et aux États-Unis, jusqu’au mois de décembre. Jointe sur le plateau, entre deux prises, Mme Guay se préparait à se glisser dans la peau de la mère du célèbre écrivain (1922-1969). «C’est une belle opportunité qui s’est offerte», explique-t-elle en ajoutant qu’elle a décroché le rôle en audition pour ce film de Walter Salles (Carnets de voyage, sur le Che).

Sa dernière apparition au grand écran était dans Continental, un film sans fusil (Stéphane Lafleur, 2007), où elle tenait le premier rôle féminin. Cette fois, elle rejoint Sam Riley dans le rôle de Sal Paradise, l’alter ego de Kerouac; Garrett Hedlund (Dean Moriarty, l’alias de Neil Cassady); Kristen Stewart, l’héroïne de Twilight (Marylou, l’épouse de Moriarty); Viggo Mortensen (William S. Burroughs); Kirsten Dunst et Amy Adams.

Oeuvre marquante

L’actrice de Québec, qui est aussi la directrice artistique du Théâtre Périscope, avait lu «un peu comme tout le monde» les livres de Kerouac. Le tournage d’On the Road l’a replongée dans cette «œuvre marquante de la littérature américaine et de notre culture, une source d’inspiration pour toute une génération, notamment pour le sentiment de liberté qu’elle insufflait».

Sur la route raconte les péripéties largement autobiographiques de l’auteur et de son comparse à travers les États-Unis. Considéré comme l’un des plus grands romans du XXe siècle, son ébauche fut à l’origine rédigée dans la langue maternelle de Kerouac, le français.

Car Sur la route, c’est aussi l’histoire sous-jacente de ces centaines de milliers de Franco-Canadiens qui ont émigré aux États-Unis et qui font partie intégrante de notre culture. «On a tous quelqu’un de notre famille qui est parti», souligne Mme Guay en se rappelant ses grandes tantes qui avaient pris la destination du Dakota.

Jack Kerouac, né Jean-Louis Kerouac de parents québécois à Lowell, au Massachusetts, a écrit On the Road en 1951. Il réussit à le faire publier en 1957. C’est l’un des romans fondateurs de la beat generation, dont les œuvres sont largement inspirées du jazz, de la poésie et de la consommation de drogues. Ce sera le début de la brillante carrière littéraire d’un auteur iconoclaste qui a eu une influence considérable sur la culture populaire américaine, notamment Bob Dylan. Sa vie personnelle, marquée par ses abus d’alcool, fut beaucoup moins glorieuse.

Francis Ford Coppola (Apocalypse Now) détient les droits de roman à l’aura mythique depuis 1968, sans jamais avoir réussi à le réaliser. Il en serait venu bien près au début des années 2000, avant de jeter l’éponge. Quant à Walter Salles, il cherche à tourner l’adaptation depuis 2005. Ils ont finalement uni leurs forces.

Le réalisateur brésilien, Ours d’or à Berlin pour Central do Brasil en 1998, s’est entouré de fidèles collaborateurs : le scénariste Jose Rivera, le chef opérateur français Eric Gautier, le compositeur Gustavo Santaolalla, le décorateur Carlos Conti... Tous ont participé au tournage de Carnets de voyage (2003).