Une avocate qui avait tenté de bloquer la sortie au Canada d'un volet de la saga cinématographique Harry Potter et de faire détruire une partie des produits dérivés fait face à une audience disciplinaire et risque d'être réprimandé, mis à l'amende ou même de perdre sa licence d'exercice du droit.

Le Barreau du Haut-Canada -l'organisme de régulation des avocats ontariens- a temporairement suspendu la licence de droit de Kimberly Townley-Smith, en attente du résultat d'une audience prévue le 29 novembre.

L'avocate a fait les manchettes un peu partout sur la planète en 2005 lorsqu'elle a intenté une poursuite de 40 millions de dollars contre Warner Bros Inc. concernant le film Harry Potter et la coupe de feu. La poursuite était intentée au nom du peu connu groupe folk The Wyrd Sisters.

Le film, tout comme le roman, devait contenir un groupe rock appelé The Weird Sisters ou The Wyrd Sisters. La poursuite faisait état d'une violation de copyright et réclamait des dommages et intérêts, en plus d'exiger l'interdiction de la distribution du film au Canada et la destruction de tout produit dérivé faisant mention du groupe.

La Cour Supérieure de l'Ontario a rapidement rejeté la requête d'interdiction, mais Mme Townley-Smith s'est engagée dans diverses procédures juridiques qui se sont étalées sur de nombreuses années. Elle fait aujourd'hui face à cinq accusations de pratique anti-professionnelle. Dans le cadre de cette affaire, elle a accusé de corruption neuf juges, 16 avocats, six responsables supérieurs au ministère du Procureur général de l'Ontario, trois membres du personnel du Barreau et son ancienne cliente, Kim Baryluk, seule membre permanente des Wyrd Sisters.

Cette dernière a changé d'avocat l'an dernier, affirmant que Mme Townley-Smith avait lancé ses attaques contre des juges sans qu'elle le sache ou qu'elle l'approuve.

De telles accusations contre des juges sont rares au pays, explique Karen Busby, professeure en droit à l'Université du Manitoba : «On doit être prudent lorsqu'on désire critiquer un juge en particulier dans un jugement. On ne rend pas cela personnel. On peut axer ses critiques sur le raisonnement».

«Et si on va poser ce genre d'accusation de corruption... on doit apporter des preuves», poursuit-elle.

Avec un nouvel avocat, Kim Baryluk est parvenue à une entente à l'amiable avec Warner Bros. plus tôt cette année. En raison de la confidentialité de l'accord, il est impossible de savoir si de l'argent a changé de main, et si oui, combien.