Le réalisateur Richard Roy (Caboose, Le dernier chapitre, Café Olé) voulait le fixer sur pellicule depuis longtemps.Frisson des collines, c'est lui, enfant, à Sainte-Agathe-de-Lotbinière. Avec le producteur Louis-Philippe Rochon, il a convaincu les Films Séville et une brochette d'acteurs chevronnés d'embarquer dans l'aventure de Frisson des collines, un film dont on dit qu'il pourrait marquer le cinéma québécois.

Mercredi 25 août, Sainte-Scholastique, à deux pas de l'aéroport de Mirabel.

L'équipe de tournage est installée dans une rue du village, près du bureau de poste. La maîtresse d'école, jouée par Évelyne Brochu, est au volant d'une Coccinelle, arrêtée devant un «stand à patates». Elle déguste un hamburger. Accoté à l'auto, sur son vélo, le jeune Frisson, joué par Antoine Pilon, lui fait la jasette du haut de ses 13 ans. Puis, Guillaume Lemay-Thivierge, motard sympa en train de virer hippie, démarre en trombe avec son pick-up Mercury 100.

On est en 1969. À l'aube de l'adolescence, Frisson rêve d'aller à Woodstock à la rencontre de Jimi Hendrix.

Les films basés sur des souvenirs d'enfance ont souvent écrit les plus belles pages du cinéma. La guerre des tuques, C.R.A.Z.Y., Mon oncle Antoine chez nous. Mais aussi les films de Pagnol, Jean Becker, Yves Robert ou Claude Berri, comme Le château de ma mère ou Jean de Florette.

C'est cette atmosphère bucolique que Richard Roy et l'auteur Michel Michaud ont scénarisée à partir des souvenirs du réalisateur qui se faisait appeler «Frisson des collines» par les amis de sa soeur. «Il y a un esprit provincial ou provençal dans le film, dit Louis-Philippe Rochon. C'est du Pagnol dans les couleurs du film. On rit, on pleure, on est touché.»

«Je n'ai pas la prétention de dire que c'est du Pagnol, mais je m'inspire de la simplicité de ses films où l'été, ça fait «tssitt-tssitt-tssitt-tssitt» dans les champs, ajoute Richard Roy, de retour au long métrage au Québec après 10 ans de réalisations pour la télé. Ça fait longtemps que le sujet me trottait dans la tête. Il y a toujours un temps pour les choses. J'ai tourné des thrillers. Frisson des collines a une saveur différente.»

Richard Roy qualifie son film de «touchant, triste et émouvant, drôle et plaisant». «Comme Camus disait, il n'y a pas de mal à choisir le bonheur», dit-il.

Les scénaristes ont proposé le sujet au distributeur Pierre Brousseau, des Films Séville. Il a dit oui tout de suite. «Je pense avoir une bonne idée de la next generation, dit-il. Quand Richard m'a raconté son film plan par plan, j'y ai tout de suite cru. Ça va être un grand classique québécois.»

La distribution est solide: Guillaume Lemay-Thivierge, Patrice Robitaille, Antoine Bertrand, Paul Doucet, Geneviève Brouillette, Jean-Nicolas Verreault, Rémi-Pierre Paquin, Anick Lemay, Viviane Audet, Louis Champagne, Évelyne Brochu, Jean-Guy Bouchard et de très jeunes comédiens prometteurs: William Monette, Alice Morel-Michaud, Claudia-Émilie Beaupré et Antoine Pilon, qui joue le premier rôle.

Un nom à retenir

Il s'agit d'une première apparition au cinéma pour Antoine Pilon. Et pour cette première, il est présent dans 125 des 145 scènes du film. «Il est extraordinaire, dit Louis-Philippe Rochon. Pour Emporte-moi, Karine Vanasse avait tout compris en quelques jours. Lui, c'est pareil: il a ça dans le sang.» «Il est extrêmement talentueux et très naturel, ajoute Guillaume Lemay-Thivierge. J'espère juste qu'il ne s'en apercevra pas trop vite.»

«Je n'ai pas eu de problèmes à apprendre mon texte, dit Antoine Pilon. Mon coach (la comédienne Louise Laparé) m'aide et me conseille.»

À ses côtés, William Monette (Virginie) joue «le gros Thibeault», copain gaffeux de Frisson. Alice Morel-Michaud joue Chantal, qui a le béguin pour Frisson. À 12 ans, elle a déjà tourné dans une quinzaine de films et de séries télé, notamment Aurore et Route 132, projeté en ouverture du FFM jeudi.

S'il y en a un qui a connu les tournages en bas âge, c'est bien Guillaume Lemay-Thivierge. «Travailler avec des jeunes me rappelle quand j'avais autour de moi Monique Spaziani, Serge Dupire et Jean Beaudin. Richard Roy me rappelle Beaudin. Celui-ci était avec moi comme il est avec Antoine. Je revis, une par une, les impressions que je ressentais à l'époque du Matou.»

Antoine Bertrand joue Burger dans Frisson des collines. «C'est un baveux qui écoeure tout le monde, un mélange de Beef, dans Back to the Future, de Fardoche et de mon père à 30 ans!» dit l'ex-Junior Bougon.

Le film sera projeté sur 100 écrans au Québec le 22 avril 2011. Pierre Brousseau pense que le film réjouira tous les types de cinéphiles. «Il va faire trois millions de dollars au box-office, dit-il. On va au pinacle avec ce film, on va l'exporter et en faire un remake en anglais...»