Comédienne, réalisatrice et productrice, Tetchena Bellange a eu un choc le jour où elle a appris que l'histoire du Québec avait pratiquement occulté la présence d'esclaves noirs ici.

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Elle a donc voulu mieux connaître et faire connaître la vie de Marie-Josèphe Angélique, une jeune femme condamnée à tort d'avoir provoqué un incendie qui a ravagé une partie de Montréal en 1734. 

Elle en a tiré Les mains noires, un documentaire d'une redoutable efficacité didactique.

Q : Qu'est-ce qui est à l'origine de ce documentaire?

R : Un jour, je suis tombée sur un reportage où l'historien Marcel Trudel parlait de l'esclavage en Nouvelle-France et de Marie-Josèphe Angélique. Ça m'a profondément choquée. Je n'avais jamais entendu dire qu'il y avait eu de l'esclavage ici, où je suis née. Ce qu'on m'avait appris en histoire est que ce pays avait été un havre de paix pour les esclaves américains qui traversaient la frontière pour être libres. J'ai eu envie d'en apprendre plus. J'ai d'abord coproduit une pièce de théâtre sur l'histoire de Marie-Josèphe. Mais comme ça ne laisse pas de trace, j'ai décidé d'en faire un documentaire.

Q : Avez-vous l'impression que, de façon générale, on a peu parlé de l'histoire de l'immigration dans les écoles du Québec?

R : À l'école, on m'a beaucoup parlé de l'immigration survenue après Expo 67. Mais avant cela, non, on ne nous en a pas parlé. C'est aussi cela qui m'a choquée; d'apprendre qu'en fait, il y a eu une présence noire au Québec depuis trois siècles. Mais le fait d'apprendre qu'il y a des Noirs ici depuis si longtemps me fait me sentir encore plus enracinée, encore plus partie prenante de ce pays.

Q : La structure du film, mélange d'enquête, de documentaire et de théâtre, est assez originale. Qu'est-ce qui a motivé ce choix?

R : Le film s'est bâti au fur et à mesure que nous le faisions. Nous avons d'abord filmé la pièce de théâtre et, ensuite, les historiens. Le film s'est construit en salle de montage. La monteuse (Babalou Hamelin) et moi avons travaillé durant des mois à cette étape. J'ai été un peu inspirée par Looking for Richard, film d'Al Pacino sur le personnage de Richard III qu'il a joué à Broadway. Le film raconte comment Pacino a réussi à trouver son personnage, en y insérant des extraits de la pièce de théâtre.

Les mains noires sera projeté...

Aujourd'hui au cinéma ONF, 15 h 40.
Demain, 1er septembre, au cinéma ONF, 17 h 20.