Pour sa première présentation, le Festival du film black de Montréal joue la carte de l'abondance. Plus de 120 films venus de 25 pays seront ainsi présentés du 22 septembre au 3 octobre afin de «faire connaître la réalité noire de partout dans le monde». Si certains films ne sont blacks que par la bande, la qualité d'ensemble ne fait aucun doute. Attention: plusieurs films ne sont sous-titrés qu'en anglais. La Presse vous propose quelques oeuvres à voir ou à éviter.

Aide-toi le ciel t'aidera

Drame de François Dupeyron

Mariée, mère de quatre enfants, Sonia est une belle femme noire des cités, à la jeune quarantaine essoufflée. Sa vie prend un tournant inattendu lorsque son mari meurt. Un voisin (blanc) l'aidera à se débarrasser du cadavre en échange de sa présence, de son amitié et plus si affinités... Tourné avec de modestes moyens, ce drame profondément réaliste est une fenêtre sur la vie dans les cités en général et sur celle des immigrants africains en particulier. Pour Claude Rich, ici dans le rôle du voisin de plus en plus exigeant, mais surtout pour Félicité Wouassi qui tient le film sur ses épaules.

24 septembre 19h et 2 octobre 21h, Cinéma du Parc

Fleur du désert

Drame de Sherry Hormann

Au milieu des années 90, la célèbre mannequin d'origine somalienne Waris Dirie provoque une onde de choc internationale en confiant son terrible secret: elle a été excisée à l'âge de 3 ans. Cet aveu en fera la nouvelle ambassadrice des Nations unies contre les mutilations sexuelles ainsi qu'un symbole de survivance. Tiré de son autobiographie parue en 1998, Fleur du désert relate le parcours surréaliste de cette fille évadée de l'enfer, qui deviendra l'une des femmes les plus admirées de la planète. L'histoire d'un success story pas comme les autres, marquée par beaucoup de scènes très dures, dont une carrément insoutenable.

27 septembre 19h et 2 octobre 19h, Cinéma du Parc

Now Boarding

Comédie d'Allan Fiterman

Comédie parfaitement superflue sur le désir d'une femme d'âge mur pour un jeune adonis, Now Boarding n'a de black que la couleur de ce dernier. Si les organisateurs du festival devaient se questionner sur la pertinence de certains films, celui-ci arriverait sans doute en tête de liste. Bref, cette vue brésilienne conviendrait beaucoup mieux au Festival du film brésilien qui doit avoir lieu en février à Montréal.

26 septembre 19h et 1er octobre 21h, Cinéma du Parc

Hermafrodita

Drame de Albert Xavier

Maria possède les organes génitaux d'un homme et d'une femme. Ce stigmate marque sa vie et déteint sur ses relations amoureuses. Qui est-elle vraiment? Pourquoi Dieu l'a-t-elle voulue ainsi? Y a-t-il une issue? Présenté dans le volet «homosexualité» du festival, Hermafrodita suscite les même questions que Now Boarding. Est-ce un film black parce qu'un des personnages -secondaire de surcroît- est de couleur? Intéressant, malgré tout.

30 septembre 21h et 2 octobre 17h, Cinéma du Parc

Simonal

Documentaire de Claudio Manoel, Calvito Leal et Michael Langer

À la fin des années 60, Wilson Simonal est une des plus grandes pop stars du Brésil. Son succès est d'autant plus admirable qu'il est un des premiers Noirs à réussir cet exploit. Mais au début des années 70, on l'accuse d'avoir été indicateur pour la junte militaire. Ses pairs et les médias lui tournent le dos, ce qui met un terme à sa carrière. Pendant 20 ans, on n'entendra plus parler de lui. À la fin des années 90, miné par l'alcoolisme, Simonal tente un retour. Au moment d'être réhabilité, il meurt. Cette tragédie fait l'objet d'un passionnant documentaire, truffé de bonne musique et de scènes d'archives, qui nous révèle un pan méconnu de l'histoire de la musique pop brésilienne.

26 septembre 17h, Cinéma du Parc

Skin (Couleur de peau)

Drame d'Anthony Fabian

Film de clôture de ce premier Festival du film black, Skin raconte l'histoire vraie d'une jeune fille noire née de parents blancs dans l'Afrique du Sud des années 70. On imagine à peine le drame de cette famille afrikaner frappée par la fatalité, et qui s'en trouve profondément déchirée... Toute l'absurdité du régime de l'apartheid est résumée dans ce drame puissant, réalisé sobrement par Anthony Fabian et interprété avec conviction par Sophie Okonedo (Hotel Rwanda) dans le rôle principal. Remuant.

3 octobre 19h, cinéma Impérial

American Faust: From Condi to Neo Condi

Documentaire de Sebastian Doggart

Disparue de la carte politique américaine, l'ancienne secrétaire d'État Condoleeza Rice revient nous hanter par l'intermédiaire d'un documentaire assassin signé Sebastian Doggart. La première partie du film est plutôt sympathique à cette femme noire née dans le sud raciste des États-Unis. Mais le portrait se transforme très vite en pur travail de sape, l'héritage de «Condi» étant mis en pièces par le réalisateur, qui dépeint la politicienne comme la plus navrante déception de l'administration Bush. Le brûlot s'inscrit dans la lignée de Farenheit 9-11, mais les nombreuses entrevues avec politologues et biographes patentés, et les éloquents films d'archives donnent l'impression d'un travail journalistique plus honnête.

29 septembre 19h, Cinéma du Parc et 2 octobre 16h, ONF