«En cette ère du prêt-à-projeter, le film d'Angelopoulos risque de faire l'effet d'une perle jetée aux pourceaux. La réflexion y paraîtra peut-être trop dense, le propos trop élevé, les références (à commencer par le titre) trop précieuses. Il est vrai que le cinéaste ne craint pas de fusionner plusieurs niveaux de lecture, préférant souvent l'ellipse au discours verbeux, enveloppant parfois son récit d'un brouillard symbolique ou d'un hors-champ évocateur. Comment ne pas déceler dans cette quête chez ce cinéaste revenu de tout un espoir qui n'aurait rien de naïf ou de ridicule? (...) Avec ses bobines perdues, Sarajevo, Lénine, le cinéaste grec boucle pour ainsi dire la boucle. Le regard d'Ulysse embrasse les idéaux, les utopies et les échecs de tout un siècle. Alors qu'en apparence il semble donner l'impression de refaire toujours le même film, il propose une réflexion sur lui-même, le cinéma et son siècle d'une originalité et d'une actualité exemplaires. La quête de ce Sisyphe moderne n'aura donc jamais de fin.» -Luc Perreault, 16 septembre 1995.

Le regard d'Ulysse, le 26 septembre à 19h à la Cinémathèque québécoise (salle Claude-Jutra). Entrée libre.