Les autorités bosniaques ont annulé mercredi l'autorisation de tournage d'un film réalisé par Angelina Jolie, une histoire d'amour pendant la guerre en Bosnie, à la suite de la protestation d'une association de femmes violées pendant le conflit, selon la radio nationale (BHR1).

Le ministre de la Culture de la Fédération croato-musulmane (l'une des deux entités de Bosnie), Gavrilo Grahovac, est revenu sur une décision prise préalablement par son ministère, autorisant l'équipe du film à tourner des scènes dans la région de Sarajevo et de Zenica (centre).

Selon la presse bosniaque, le film porterait sur une histoire d'amour entre une Musulmane violée et son bourreau, un Serbe.

«Ils ne disposent plus de l'autorisation de tourner le film en Bosnie-Herzégovine. Ils l'auront s'ils nous font parvenir le scénario avec une histoire qui ne sera pas celle qu'on connaît aujourd'hui, d'après ce que nous ont raconté des gens ayant lu le scénario», a déclaré M. Grahovac.

Selon le magazine Variety toutefois, le film porte simplement sur une histoire d'amour entre un Serbe et une Bosniaque au début de la guerre et l'influence du conflit sur leur relation.

Selon une actrice bosniaque, Zana Marjanovic, engagée pour interpréter le rôle principal, il s'agit d'une «histoire d'amour qui se passe pendant la guerre en Bosnie» et qui «ne fait pas la promotion d'opinions politiques».

«Nous ne pourrons pas empêcher que le film soit tourné ailleurs, mais nous pouvons au moins exprimer notre réprobation devant le tournage d'un film qui ne raconte pas la vérité et qui blesse un grand nombre de victimes», a ajouté M. Grahovac.

L'actrice américaine est déjà en train de tourner son premier film en qualité de réalisatrice en Hongrie, et entendait poursuivre le tournage en novembre en Bosnie.

«C'est une histoire mensongère. Parmi les milliers de témoignages de femmes violées pendant la guerre, il n'existe pas un seul qui raconte une histoire d'amour entre la victime et son bourreau», s'est exclamée Bakira Hasecic, présidente de l'association Femmes victimes de la guerre de Sarajevo, interrogée par l'AFP.

«Nous ne permettrons pas qu'on avilisse notre peine», a-t-elle ajouté.