On ne choisit pas sa famille, encore moins sa bellefamille. C'est à partir de ce constat, riche en idées comiques, que les réalisateurs Éric Toledano et Olivier Nakache ont écrit Tellement proches, leur troisième film, qui a séduit le public français en 2009.

«Oui, nous nous sommes inspirés de nos familles, mais je dirais que celle d'Olivier est la plus dingue» blague Éric Toledano au bout du fil. Nous avons voulu aborder cela avec un ton de comédie, des exagérations, à partir de situations un peu vraies. On s'est amusés à mettre beaucoup d'étincelles de vérité dans chaque moment. Nous avons eu peur que nos familles ne nous parlent plus...»

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Les deux complices avaient fait la même chose avec leur long métrage précédent Nos jours heureux, inspiré de leur expérience dans les colonies de vacances en France.

Tellement proches commence par un couple au bord de la crise de nerfs, Alain (Vincent Elbaz) et Nathalie (Isabelle Carré), notamment parce qu'Alain, fin trentaine, refuse de grandir et passe tout à son fils, un garçon insupportable que personne ne peut blairer. Dans le déni, Alain met ses problèmes sur le compte du lien très fort qui rattache Nathalie à sa famille, alors qu'il ne supporte pas lui-même son beau-frère Jean-Pierre (François-Xavier Demaison), qui ne cesse de le talonner pour qu'il se trouve un «vrai» job.

De son côté, Jean-Pierre aurait aimé être un grand avocat, mais il ne s'occupe que des petits voyous de banlieue, pendant que sa femme se convertit au judaïsme pour faire entrer sa fille dans une école bien cotée, et que ses beaux-parents s'enracinent dans son appartement.

«Jean-Pierre est un peu une caricature au début, explique le comédien François-Xavier Demaison, qui a récemment incarné Coluche au cinéma, ce qui lui a valu une nomination aux Césars en 2009. Il ne va pas bien, c'est pas terrible. Mais les épreuves vont l'humaniser.»

L'amour dans la tourmente

En effet, contre toute attente, les beaux-frères vont finir par s'aimer dans la tourmente. «Il ne le respecte pas et Vincent le prend pour un con, mais ils vont finir par faire connaissance. C'est ce qui est bien dans ce scénario, on fait tous connaissance les uns avec les autres», ajoute Demaison.

«Nous, ce qu'on essaie de faire, c'est de prendre de vrais sujets et de les dérider un peu, souligne Éric Toledano. L'idée n'est pas de faire rire à tout prix, c'est aussi de prendre des clichés et de leur péter la gueule. C'est ça qui est intéressant au cinéma.»

À ce sujet, Toledano et Nakache montrent une France en pleine transformation. Nathalie héberge une famille d'immigrants, sa soeur Roxane (Joséphine de Meaux) s'amourache d'un «black» (Omar Sy) que tout le monde prend pour un brancardier alors qu'il est médecin et la femme de Jean-Pierre pousse un peu fort son implication dans la communauté juive qu'elle veut rejoindre.

«Un pays, c'est aussi un peu une famille, on se demande comment cohabiter, note Toledano. On se sent tellement loin, alors qu'on est tellement proche, en fait. Toutes les sociétés changent, on ne peut pas faire comme si on était en 1960, il y a d'autres problématiques, mais nous, on préfère s'en amuser. Les gens se marrent, mais c'est un rire qui n'est pas grave. Qu'on le veuille ou pas, alors que tout change autour de nous, la famille, décomposée ou recomposée, est la structure la plus ancestrale.»

Tellement proches est présentement à l'affiche.