Le tournage du film La peur de l'eau s'est terminé dimanche à Montréal. Mais c'est principalement aux Îles-de-la-Madeleine que l'action s'est déroulée. Le réalisateur Gabriel Pelletier et les comédiens en sont revenus enchantés.

Ce n'est sans doute pas en fredonnant Partons, la mer est belle que les artisans du film La peur de l'eau ont passé plusieurs jours de tournage en mer aux Îles-de-la-Madeleine. S'ils ont siffloté un refrain, ce doit être Je suis malade.

Parce que malades, du mal de mer, s'entend, plusieurs l'ont été! Ces quatre semaines de travail chevauchant septembre et octobre, les artisans du nouveau film de Gabriel Pelletier les ont vécues à la dure. Soleil, vent, pluie. Et beaucoup de houle.

Mais lorsqu'ils parlent de l'accueil des Madelinots, qu'ils racontent le nombre de fois où ils ont poussé des oh! et des ah! d'admiration devant la beauté des lieux, qu'ils ont été enivrés par le vent au bord d'une falaise, on comprend qu'ils y retourneraient demain.

«Nous avons fait avec les éléments, indique le réalisateur Gabriel Pelletier en entrevue. En une journée, on voyait tous les temps. On commençait au soleil. Tout à coup, il pleuvait. Puis il grêlait. Ça redevenait ensoleillé.»

Les jours de tournage en mer, il y a eu beaucoup de houle. «Parfois, lorsqu'on faisait une prise, un assistant ouvrait une fenêtre, vomissait puis nous disait qu'on pouvait y aller, lance Pelletier, hilare. Plein de gens ont été malades.»

Durant le tournage, les Îles ont été balayées par la queue des ouragans Earl et Igor. «Nous avions des vents de 70 à 100 km/h. Certains jours, les comédiens avaient de la difficulté à se tenir debout», ajoute le réalisateur.

Mais à l'opposé, les éléments ont été les complices de superbes moments de tournage. Comme durant la scène où le corps de Rosalie Richard (Stéphanie Lapointe) est découvert au pied d'une falaise. «C'était une journée de tempête. Nous étions au bord de la mer, se rappelle Pelletier. Les vagues déferlaient avec une force incroyable. Il y avait un drame inhérent à la scène. C'était magique.»

Meurtre sous enquête

Rosalie Richard, donc, 18 ans, est retrouvée morte après avoir été violée. Deux policiers, le sergent André Surprenant (Pierre-François Legendre) et l'agente Geneviève Savoie (Brigitte Pogonat), sont chargés de l'enquête. Une tâche ardue à laquelle ils ne sont pas habitués, qu'ils mènent en parallèle à leurs propres vies ballottées comme une coquille de noix.

Arrive le sergent-détective montréalais Gingras (Normand D'Amour) qui veut tasser les deux policiers de l'endroit. Mais ceux-ci se découvrent peu à peu des talents de limiers et lèvent le voile sur le côté sombre du monde des Îles.

Dans cette galère, les suspects sont nombreux. «Jusqu'à la toute fin, tout le monde en veut assez à Rosalie pour avoir un motif visant à l'éliminer, dit Stéphanie Lapointe. Les scènes où mon personnage apparaît mettent en place les frictions entre les personnages.»

Le film est tiré du roman On finit toujours par payer de Jean Lemieux, qui a longtemps résidé aux Îles-de-la-Madeleine, répond Pelletier. L'ouvrage est étudié en classe...

Sur place, l'équipe s'est intégrée à la population. «Nous avons embauché une quinzaine de personnes à la technique et cinq comédiens des Îles ont eu des rôles», dit la productrice Nicole Robert, de GO Films.

«On voit beaucoup la beauté des Îles dans le film, dit Pelletier. On a exploité beaucoup d'endroits. Pour moi, c'était un personnage du film. Je crois que les gens ont apprécié.»

Stéphanie Lapointe a adoré l'accueil de la population. «Je m'attendais à ce que les gens soient au courant du tournage, mais jamais autant que cela, raconte-t-elle. On allait à l'épicerie et on nous demandait si on avait tourné telle ou telle scène. Un jour, le propriétaire de la fromagerie Le Pied-de-Vent m'a vue marcher sur la route et a vu que j'étais fatigué. Il m'a dit: «Embarque, Rosalie!» en m'appelant par le nom de mon personnage.»

Pierre-François Legendre et Brigitte Pogonat ont été séduits par le décorum de la construction. «De toutes les couleurs, les maisons sont comme parsemées dans le paysage», dit la comédienne.

Dans le film, les deux agents sont timides et seuls. Tous deux «sentent qu'ils se feraient du bien», dit Pierre-François Legendre. Vont-ils finir ensemble? «On laissent des points de suspension», lance le duo, amusé de la question.

La suite en août 2011, alors que La peur de l'eau prendra l'affiche.