Reste avec moi, le nouveau long métrage de Robert Ménard prend l'affiche vendredi. Film choral se déclinant dans cinq univers, l'histoire explore les destins variés et convergents d'une dizaine de personnages. Rencontre avec trois comédiens de la production.

Le réalisateur Robert Ménard était on ne peut plus heureux de cette «galerie de personnages» qui traversent son nouveau film, Reste avec moi, que les cinéphiles pourront découvrir à compter de vendredi.

Des personnages qui vivent dans une certaine violence - pas toujours physique - et dans la non-communication. À l'image de ses personnages, le film aborde en fait toutes sortes de thèmes: la famille, la réconciliation, la solitude. La perte aussi. Tout le monde perd quelqu'un ou quelque chose dans Reste avec moi. Et il y a des ruptures, beaucoup de ruptures.

Comme celle, non consommée encore, entre Florian (Vincent Bilodeau) et sa conjointe Maggie (Danielle Proulx), deux artistes dont le chemin professionnel s'en va dans des directions opposées. Artiste-ébéniste épanoui, Florian doit composer avec les problèmes d'alcool de Maggie. Il voudrait tourner la page mais se sent coupable de plonger.

«Un rôle très intense», dit le comédien. Lorsqu'on lui demande de décrire Florian, il réfléchit longuement. «Il est résilient, amoureux, désemparé, simple», répond-il.

Contrairement au début de sa carrière où il construisait davantage ses personnages, Bilodeau se dit de plus en plus instinctif. À partir d'un sentiment, d'une idée maîtresse, il se laisse aller.

«Je sais rarement où la scène va m'emmener sur le plan de l'émotion, dit-il. Je n'essaie pas de la jouer d'avance. C'est comme l'automatisme en peinture. On explore des choses qu'on ne soupçonne pas et on fait vraiment appel à l'artiste en soi, à sa faculté de création.»

«Maggie, c'est la descente aux enfers de quelqu'un qui a complètement perdu pied», dit de son côté Danielle Proulx de son personnage de femme alcoolique.

La comédienne a hésité avant d'accepter le rôle. À son avis, il manquait au départ un élément pour définir son personnage.

«Je voulais savoir pourquoi Maggie est malheureuse, pourquoi elle boit, dit Danielle Proulx. Je ne voulait pas juste être une femme saoule.»

De là a jailli l'idée d'en faire une artiste-peintre. «Elle arrive à un moment où elle est en panne d'inspiration. Elle est complètement bloquée alors que son mari est dans un moment d'expansion», décrit la comédienne.

D'autres éléments expliquent aussi cette vie éclatée en mille miettes. Ils se dévoilent peu à peu alors que l'intrigue se dénoue sous nos yeux. On peut difficilement en dire plus!

Des instants de bonheur

La grande ville est comme une île déserte pour Laurie (Julie Perreault), une mère seule qui traverse une dure période. Sa fatigue, sa solitude, ses longues journées de travail pèsent sur son moral. Résultat: sa relation avec sa fille de 6 ans Ariane (Alexandra Sicard) est orageuse.

D'autant plus qu'au tout début de l'histoire, Ariane s'attache à un chaton qui fera le tour des personnages, constituant le fil conducteur entre chacun d'eux.

«Elle est toute seule. Elle est super débordée, décrit Julie Perreault à propos de son personnage. Elle travaille toute la journée (comme orthophoniste, donc avec des enfants avec des difficultés) puis, elle arrive à la maison et c'est le bordel avec la petite. Dans un 24 heures, ses moments de bonheur, elle n'en a pas beaucoup. Le vendredi soir, elle ne prend pas un verre de vin, elle plie du linge.»

Pour elle, Reste avec moi est un film sur la solitude, avec une lumière qu'on peut discerner chez l'autre.

«Lorsqu'on vit une peine d'amour, s'il y a deux personnes avec nous pour nous épauler, elles deviennent nos amis pour la vie», donne-t-elle en exemple.

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Reste avec moi sort en salle vendredi.