À 70 ans, l'acteur américain Martin Sheen, connu pour son rôle dans Apocalypse Now, profite de ses deux derniers films pour retourner sur les traces de ses ancêtres espagnols et irlandais.

L'acteur est la tête d'affiche de The Way, réalisé par son fils Emilio Estevez et tourné sur le célèbre chemin de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le nord-ouest de l'Espagne, dont est originaire le père de Martin Sheen.

Cette semaine, l'acteur va commencer le tournage de Stella Days, qui se déroule cette fois sur les terres d'origine de sa mère, dans le comté irlandais de Tipperary.

Ses parents, tous deux immigrés, se sont rencontrés à Dayton, dans l'Ohio.

«Je ne me suis jamais senti plus espagnol qu'irlandais et je ne me suis jamais senti plus irlandais qu'espagnol», a expliqué l'acteur à l'AFP après une conférence de presse à Saint-Jacques-de-Compostelle à l'occasion de la première espagnole de The Way.

Dans The Way, il incarne un veuf américain qui se rend Espagne pour y retrouver le corps de son fils, qu'il a perdu de vue.

Après l'incinération, il décide de partir sur le chemin de Saint-Jacques, avec les cendres de son fils dans son sac à dos.

«Toute ma vie, j'ai entendu parler de Saint-Jacques et du pèlerinage, le film est un aboutissement. Un rêve devenu réalité», selon l'acteur qui est né sous le nom de Ramon Estevez, mais a anglicisé son nom pour trouver plus facilement du travail.

«Mon père était mon héros, c'est la personne qui a eu le plus d'influence dans ma vie en grandissant», a-t-il expliqué, visiblement ému.

Francisco Estevez a débarqué aux Etats-Unis en 1914, à l'âge de 16 ans, sans pouvoir entrer sur le territoire en raison du faible quota d'Espagnols autorisés à le faire après la guerre hispano-américaine (1898).

«Avec son frère, ils sont donc allés à La Havane pendant près de trois ans et sont retournés aux États-Unis, en tant que Cubains, en passant par Miami».

Quant à sa mère, Mary Ann Phelan, décédée alors qu'il n'avait que onze ans, elle s'était réfugiée aux États-Unis au moment de la guerre d'indépendance irlandaise.

«Avoir l'occasion de travailler en Espagne et en Irlande, deux de mes pays préférés, mais aussi de travailler dans leurs cultures, leurs villages... C'est incroyable», s'est-il exclamé.

Tourné en Irlande, Stella Days raconte l'histoire vraie d'un prêtre, interprété par Martin Sheen, qui a ouvert un cinéma dans le village de Borrisokane dans les années 50.

Présent à Saint-Jacques-de-Compostelle au moment de la visite de Benoît XVI, Martin Sheen, fervent catholique, a raconté à l'AFP qu'il avait assisté samedi à la messe célébrée par le pape.

Celui qui a également joué dans Wall Street ou Gandhi, ainsi que dans la série télévisée The West Wing, espère faire le pèlerinage de Compostelle un jour. «En plus d'être physique, le «Camino» est aussi un voyage spirituel», dit-il.

Emilio Estevez, qui signe son quatrième film en tant que réalisateur, a déclaré avoir été «guidé par l'esprit de (son) grand-père».

«Je me suis toujours senti lié à l'Espagne. J'aimerais beaucoup y revenir et faire un autre film ici», a-t-il expliqué.

Martin Sheen a trois autres enfants: Charlie Sheen, le plus célèbre, ainsi que Ramon Estevez et sa soeur Renée, qui évoluent eux aussi dans le monde du cinéma.

Emilio a déclaré au cours de la conférence de presse qu'un jour, un film pourrait réunir la famille au grand complet. «Mais il faudrait que ce soit le bon projet, sinon cela ressemblerait à coup monté», selon lui.