Le Poudlard Express quitte la voie 93/4 de la gare de King's Cross pour la dernière fois... et ceux qui ont lu Harry Potter et les reliques de la mort le savent: Harry, Ron et Hermione ne sont pas à son bord. Ils ont d'autres chats à fouetter, en ces jours sombres où Voldemort et ses Mangemorts sont tout-puissants: il leur reste le cas du fils de James et Lily Potter à régler une fois pour toutes. Pour raconter cette ultime confrontation, un roman de plus de 800 pages adapté en deux films. Il le fallait... et pas pour des raisons mercantiles, assure le producteur David Heyman, qui fait le point sur cette aventure cinématographique.

«J'ai pleuré. Nous savions tous que ce serait une journée émotive, mais nous n'avions aucune idée à quel point», se souvient David Heyman. C'était le 12 juin. C'était la dernière journée du tournage de Harry Potter et les reliques de la mort, réalisé par David Yates. C'était la fin d'une aventure qui aura duré 10 ans pour lui, pour Daniel Radcliffe, Rupert Grint et Emma Watson - 10 ans, ou environ la moitié de leur vie! - qui incarnent Harry Potter, Ron Weasley et Hermione Granger, et pour l'équipe-famille qui s'est formée sur les plateaux au cours des ans.

Le tout débouchant sur un énorme succès. Avant même la sortie des deux volets des Reliques de la mort, la franchise Potter, ancrée dans la série de J. K. Rowling, a rapporté quelque 5,5 milliards.

David Heyman avait-il anticipé un tel engouement? Joint à Londres où il participait à la promotion du film auprès de la presse britannique, il pouffe au bout du fil: «J'imaginais un film britannique à petit budget, un nouveau Chitty Chitty Bang Bang si j'avais de la chance. Ce n'est qu'à la sortie du quatrième film que j'ai eu la certitude que nous ferions toute la série. Les romans étaient devenus un phénomène et les longs métrages étaient de grands succès. Mais quand je suis entré en contact avec Harry Potter, le premier livre n'était même pas publié.»

Retour en arrière pour mettre les choses en perspective.

En 1997, David Heyman, qui a étudié l'histoire de l'art à Harvard, fonde Heyday Films avec l'intention de produire des adaptations de romans. Il aime les livres. Il aime les films. La combinaison idéale. Rapidement, il se met à recevoir des bouquins. Et des manuscrits. Harry Potter and the Philosopher's Stone est de ces derniers. Il n'aime pas le titre de l'oeuvre. La place dans la pile des projets non prioritaires. Jusqu'à ce qu'une secrétaire, un jour, tombe dessus. La lise. L'adore. Incite son patron à lire l'histoire. La magie de J. K. Rowling opère à plein sur lui aussi.

C'est donc en tant qu'adepte qu'il a toujours abordé les adaptations des romans. «Je crois que c'est ce que Jo apprécie de moi. Et, aussi, le fait que je ne lui ai jamais menti, pour les bonnes nouvelles comme pour les mauvaises. Et je suis monté au front à quelques reprises pour elle.»

Mais en 1999, c'est l'instinct qui parle quand la romancière, encore très peu connue, lui vend les droits d'adaptation des quatre premiers romans pour l'équivalent de 2 millions. Puis, la série Harry Potter devenant, sur papier, le succès que l'on sait aujourd'hui, un acteur important se joint à la partie: Warner Bros. Important studio américain. Il reste que pour l'auteure, l'étiquette british doit demeurer. Et la distribution, être trouvée en Grande-Bretagne. Pas chez l'Oncle Sam - où les Haley Joel Osment et autres Dakota Fanning ont déjà fait leurs preuves devant la caméra.

David Heyman part ainsi à la recherche du trio qui serait au centre de la saga, c'est-à-dire les interprètes de Harry Potter, de Ron Weasley et de Hermione Granger. Il croise le regard de Daniel Radcliffe dans un théâtre. Ils sont tous deux dans le public. «Il avait ces yeux immenses, pétillants, vivants, pleins de curiosité, de désir de savoir et de découvrir. Il était Harry.» Ce sont par la suite des auditions qui l'ont mis en contact avec Rupert Grint, «qui a ce sens de l'humour irrésistible et une personnalité si attachante qu'il est impossible de lui résister»; et avec Emma Watson, «qui est d'une telle intelligence et, en même temps, qui possède un immense charisme». Chacun possédait les qualités des personnages. «Mais la décision a été prise quand ils se sont rencontrés. La chimie entre eux était obligatoire.»

C'est ainsi que les trois enfants, maintenant jeunes adultes, sont devenus... pas tout à fait des enfants, mais l'équivalent de neveux et nièce pour David Heyman. Pour lui, il ne fait aucun doute qu'«ils sont promis à de grandes choses, parce qu'ils sont ambitieux. Mais ambitieux dans un sens positif: ils veulent faire du bon et beau travail».

Selon lui, «Dan va continuer à jouer, mais il sera aussi metteur en scène, réalisateur. Il publiera aussi. Il aime se donner des défis. Sa première pièce à Londres était Equus, c'était courageux. Il va bientôt monter sur scène à Broadway, c'est courageux. C'est tout à fait lui. Essayer. Risquer». Pour ce qui est d'Emma Watson, «le monde est à elle. Elle peut continuer à jouer, elle peut devenir mannequin si elle veut, avocate si elle préfère. Parce qu'elle est phénoménalement intelligente». Rupert Grint, lui, «est formidablement excentrique, extrêmement original. C'est un acteur naturel et il n'a pas fini de le prouver».

À suivre. On verra alors si la boule de cristal de David Heyman est plus efficace que celle de Sybil Trewlaney!

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