Le documentaire américain Restrepo nous avait montré avec de belles qualités une certaine réalité de la guerre occidentale menée en Afghanistan. Mais nous n’avions pas encore tout vu ! Armadillo, du réalisateur danois Janus Metz va encore plus loin.

Comme dans Restrepo, le titre de ce documentaire fait référence à une base d’opération avancée, avant-poste poussiéreux défendu par une poignée de soldats et perdu dans la campagne afghane. En-dehors de la base, les talibans sont tapis à 800 mètres !

On y suit donc quelques membres d’un contingent danois dépêché là-bas depuis Copenhague où ils ont laissé conjointes et familles mortes d’inquiétude. Dès la première mission hors les murs, le cinéaste nous fait ressentir l’extrême tension dans laquelle baignent les soldats. Celle-ci est soulignée par une partition électrisante de violoncelle. La pétarade qui s’en suit –et qui ne tarde pas à venir- n’en est que mieux illustrée.

En plus de sa photo soignée, de ses atmosphères et de ses décors cauchemardesques, Armadillo a le mérite de nous faire voir quelques vérités pas très belles derrière les discours officiels rattachés à cette mission. Ainsi, lorsque les soldats danois sont accueillis dans un village afghan, ce n’est pas en héros mais pratiquement en fouteurs de troubles. Ils marchent dans les champs des cultivateurs et provoquent la mort de civils, n’ayant que des poignées de billets en guise de compensation. Et lorsqu’on écoute les soldats échanger sur leur travail, ce n’est pas un discours sur les nobles valeurs de leur mission qu’on entend mais leur détermination à vivre une aventure avec un grand A.

Exemple illustrant mieux que tout la situation, il y a ces yeux, ce regard totalement perdu et affolé d’un soldat blessé par balle et celui, rempli littéralement de fierté, du même homme, tout heureux d’exhiber comme un trophée de guerre la cicatrice à son bras à son retour triomphal auprès des siens.

Certains font un rapprochement entre Armadillo et des chefs-d’œuvre de fiction dont Apocalypse Now et Full Metal Jacket. Peut-être. Disons sans l’ombre d’un doute qu’il s’agit là d’un documentaire marquant sur la guerre en Afghanistan.

Aujourd’hui à 17h à la salle Claude-Jutra de la Cinémathèque québécoise.